La désinformation de l’eau : de la manipulation marketing à la vraie qualité de l'eau...
Dernière mise à jour : 23 mai
« Difficile pour un homme de comprendre une chose si son salaire dépend de ce qu’il ne la comprenne pas » disait Upton Sinclair. Or, des embouteilleurs aux multinationales, en passant par les fabricants de filtres, les intérêts économiques de l’eau sont gigantesques. D’où une confusion généralisée, tout le monde y allant de ses arguments en faveur de son type d’eau, pas grand monde n’ayant finalement intérêt à vous expliquer les critères de la vraie qualité de l’eau... ou même à l’améliorer. Essayons donc d’y boire ensemble un peu plus clair…

Pour vous repérer facilement dans l'article :
La désinformation de l’eau en 3 minutes
Entre omission et censure de l’information
L’ignorance pour ne surtout rien changer ?
Lorsque les distributeurs d’eau informent…
La désinformation des fabricants…
La désinformation de l’eau en 3 minutes :
Pourquoi prendre le risque de parler correctement de l’eau alors qu’il est si facile de noyer le poisson et de continuer comme avant, via les mauvaises habitudes et le business as usual ? Face à la confusion générale, on fera plus facilement confiance au marketing…
L’eau est l’élément de la vie et donc de tous les risques et les pouvoirs publics ne veulent surtout pas de peuple trop éveillé, au risque sinon de remettre en cause les normes de potabilité des Eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) ou, plus exactement, d’exiger encore plus de qualité (c’est-à-dire globalement moins de pollutions). On ne forme donc pas les médecins à la qualité de l’eau (le premier scandale dont découle tous les autres), on permet à l’Académie de Médecine de recommander les minéraux des eaux (alors que nous sommes hétérotrophes - voir plus bas), on laisse les fabricants vanter leurs désastreux adoucisseurs, on autorise les Régies et les multinationales de l’eau à communiquer n'importe comment sur l’excellence de leur eau du robinet, exemple avec l'eau de Genève.
Les manipulations de l’eau sont légion et peuvent prendre plusieurs formes :
- Valorisation marketing : encenser (eau-delà du raisonnable) une eau seulement "potable", prêter des vertus de santé à des eaux en plastique très minéralisées, parler de « meilleur filtre au monde », de solution miracle, d’innovation majeure, d’appareil indispensable… ou d’eau pure obtenue (ce qui est impossible) !
- Greenwashing : faire passer l’eau du réseau pour écologique au prétexte des économies d’énergie (du système), prétendre qu’un adoucisseur est « Vert » parce que l’on va économiser un peu de lessive (et alors qu’il rejette du sel et gaspille de l’eau),…
- Faire peur : Côté pouvoirs publics, insister sur les bactéries et autres virus (« Nous sommes en guerre ! ») afin de justifier l’usage immodéré du chlore dans l’eau du réseau… Côté fabricants, insister sur la dangerosité du calcaire ou de l’eau du robinet...
- Rétention d’information : ne pas parler des effets du chlore (notamment sur la peau ou le microbiote), de la piètre absorption des minéraux inorganiques des eaux, de la prolifération microbienne des adoucisseurs, de la reculade vis-à-vis des pesticides de la directive européenne 2020, des limites ou dangers de son produit,…
- Dire tout et son contraire et créer la confusion, notamment via les interventions des médecins, nutritionnistes ou thérapeutes : sur l’équilibre acido-basique et les pseudos bénéfices de l’eau alcaline, sur l’intérêt des minéraux ou des eaux gazeuses, sur les solutions plus ou moins pertinentes,…
- Approche quantitative et non qualitative : parler du 1,5 L d’eau à boire quotidiennement mais y placer les thés ou les cafés, évoquer des Apports Nutritionnels Conseillés (ANC) mais occulter que ceux-ci sont purement théoriques et impossible à atteindre via les minéraux inorganiques,…
- Omerta générale sur l’aspect le plus important de la qualité de l’eau : son énergie à savoir son activité magnétique (protons) et électrique (électrons) mais également l’agencement des molécules d’eau entre-elles (via la liaison hydrogène), ce qui fait pourtant la différence entre une eau propre et une eau au naturel, que l’on a plaisir à boire.
- Critique dogmatique des solutions de filtration, via notamment les journalistes : l’eau potable étant de « qualité irréprochable », ne surtout pas recommander la moindre filtration, ne jamais faire de tests avec les meilleures solutions. Il ne faudrait tout de même pas concurrencer les annonceurs-embouteilleurs…
Au final, la majorité des citoyens se retrouvent perdus et en déshydratation chronique… ce qui arrange bien les affaires. Fabricants de cosmétiques, embouteilleurs et Big Pharma n’ont financièrement aucun intérêt à ce que l’on améliore enfin la qualité de l’eau (ou de l’information sur l’eau) afin que les citoyens soient correctement hydratés !
Les vendeurs de dispositifs profitent également de la piètre qualité de l’eau du robinet mais leurs produits – à l’exception des adoucisseurs, des appareils à eau ionisée alcaline et des distillateurs – améliorent au moins les choses. L’information n’est toujours pas limpide, les manipulations marketing nombreuses et les risques liés à l’usage présents mais une meilleure hydratation est normalement au rendez-vous.
Pour le savoir, rien de plus simple : soit nous avons plaisir à boire et c’est que notre eau est de qualité, soit notre organisme la rejette et alors il nous faut l’améliorer via une filtration et une dynamisation adaptées. Prendre du recul, récolter un minimum d’information et faire preuve de bon sens (ou alors me contacter) permet normalement de trouver la solution la plus appropriée pour une eau biocompatible correspondant à sa situation… et à son budget !
En savoir beaucoup plus sur les manipulations de l’eau (+20 minutes):
La directive européenne (UE) 2020/2184, dite directive « eau potable », refonte de la directive 98/83/CE, est entrée en vigueur en France au 1er janvier 2023. Cette directive stipule « 5 objectifs concourant à améliorer la sécurité sanitaire de l’eau et la confiance du consommateur :
de nouvelles normes de qualité dans l’eau potable ;
la mise en place d’une approche basée sur les risques (ou plan de gestion de la sécurité sanitaire des eaux [PGSSE]) ;
le renforcement des exigences en matière de matériaux au contact de l’eau (MCDE) ;
l’amélioration de l’accès à l’eau pour tous ;
une information plus transparente sur la qualité de l’eau »
Vaste programme, présenté sur 73 pages - annexes comprises - dans des termes abscons via moult acronymes. Pour la limpidité, on repassera.
« Autant de nouvelles dispositions allant dans le sens d’une meilleure protection du consommateur, de l’amélioration de son information et donc de sa confiance en ce produit qui l’accompagne au quotidien : l’eau du robinet. » se félicite la directrice générale du Centre d’information sur l’eau (CIEAU) sur son blog.
Les manipulations pesticides
Devrions-nous avoir confiance les yeux fermés, simplement parce qu’on nous le demande poliment ? Une lecture attentive de la nouvelle Directive ainsi que de la Note d'information N° DGS/EA4/2023/61 du 14 avril 2023 (pages 77 à 141) révèle certes des avancées mais également des reculs dont un abaissement significatif de la norme sur les pesticides : les métabolites de pesticides non pertinents sont désormais exclus du calcul pour la somme des pesticides (limite de 0,5 μg/L), ce qui permet d'en avoir du coup beaucoup plus... dont les plus dangereux !
Il faut aller sur un autre document – tout aussi technocratique – de l’ANSES (30 janvier 2019) pour comprendre le classement des métabolites de pesticides entre pertinents et non pertinents… et ne pas être entièrement rassuré. Au-delà de quelques critères objectifs, tout est en fait axé sur les connaissances scientifiques du moment… et les conflits d’intérêt politique ? Le 30 septembre 2022, suite à un article du journal Le Monde révélant que 20% des français avaient bu en 2021 une eau non potable, l'ANSES reconsidérait le statut des deux molécules incriminées (l'ESA-métolachlore et le NOA-métolachlore) et les classait "non pertinents" pour la santé humaine. La tolérance dans l'eau de boisson passant ainsi de 0,1 à 0,9 microgrammes par litre, 20% de français peuvent à nouveau boire une eau potable !
Ce genre de magouilles opportunistes ne renforce évidemment pas la confiance envers les pouvoirs publics et l’indépendance de leurs administrations. Quid de l'accumulation sur des dizaines d'années de ces métabolites « non pertinents » ? Quid de l'effet cocktail avec les autres molécules ? Quid, surtout, de se retrouver avec une limite de 0,5 μg/L constituée uniquement de métabolite pertinents et donc dangereux ?
Les textes ne répondent évidemment pas à ces questions et tentent plutôt de noyer le poisson en insistant sur les avancées, pourtant toutes relatives par rapport à ce scandale masqué, cadeau fait à l’agriculture productiviste et aux pouvoirs publics. Ces derniers étaient en effet de plus en plus embarrassés par les mesures de plus en plus fines et précises des pesticides et donc le dépassement de plus en plus fréquent des normes. Avec cette nouvelle réglementation bol d’air, les voilà tranquilles pour un moment !
Bref, un exemple de plus d’opacité… dans un texte prônant pourtant « une information plus transparente » !
Entre omission et censure de l’information
« La directive vise à l’installation d’une information toujours plus complète et transparente sur la qualité de l’eau pour le consommateur européen, pour améliorer encore sa confiance en l’eau du robinet. [...] Un objectif affirmé : réduire la consommation d’eau en bouteille et promouvoir la consommation d’eau du robinet. » continue la directrice sur son blog.
La fin justifie-t-elle les moyens ? Occulter le scandale des pesticides de l’eau du robinet afin de limiter la consommation d’eau en bouteille ? Il vaudrait mieux, à l’instar de www.boycottplastique.com, dire la vérité sur la piètre qualité des eaux "emplastiquées". Ce n’est en tout cas pas en sélectionnant l’information, que l’on va améliorer la confiance du consommateur européen envers cette même information. Les scandales du Corona-Circus ne sont pas loin…
Des commentaires étant possibles, j’ai soumis (le 8 mai à 8h28) mes remarques à Madame la Directrice. Outre la question des pesticides, je m’étonnais qu’elle parle de « 18 nouveaux paramètres microbiologiques et chimiques » alors que je n’en comptais que 8. Surtout, je m’interrogeais sur le soi disant renforcement de l’information et critiquais le greenwashing à l’œuvre : « Faire croire qu'une eau "potablement polluée et chlorée" du robinet est écologique en l'état est révélateur des nombreuses impostures de l'eau et de l'omerta qui règne en matière de critère qualitatifs véritablement contraignants. Nous sommes encore très loin de l'eau biocompatible, la seule capable d'induire une hydratation de qualité et ainsi d'être favorable à la santé, la seule à mériter le qualificatif d'écologique ! »
Je terminais par une incitation au dialogue : « A votre disposition naturellement pour discuter de tout cela. Eau plaisir »
Après une « attente de modération » mes commentaires furent censurés. Je m’en étonnais le lendemain via le formulaire de contact: « Chère Madame, Je vous ai adressé hier un commentaire sous votre article concernant la nouvelle directive européenne. Sauf erreur de ma part, vous l'avez censuré. En tout cas il n'apparaît pas... J'aimerais comprendre ce qui ne vous plaisait pas (ou estimez inexact) dans cet article, vous qui dites militer pour l'information de l'eau... Seriez-vous assez aimable également pour me lister les 18 nouveaux paramètres microbiologiques et chimiques ? »
Vicieux, je rappelais aussi la mission officielle de son organisme : « Le Centre d’Information sur l’Eau (C.I.eau) a pour mission de faciliter la connaissance et la compréhension auprès d’un large public des éléments complexes sur la qualité de l’eau » et terminais par une évidence : « Oui, la qualité de l'eau est complexe et cette qualité – nous qui avons la chance de vivre dans un pays très développé – va évidemment bien au-delà de la seule norme de potabilité ! A votre disposition naturellement pour en discuter. Cordiales salutations et belle soirée. »
Aucune nouvelle depuis ! Comme annoncé, je me suis donc penché sur le site d’information lui-même (voir ci-dessous).
L’ignorance pour ne surtout rien changer ?
La confusion favorise la consommation de n’importe quoi. L’ignorance induit quant à elle la préservation… de toutes les mauvaises habitudes !
L’omerta règne globalement sur la qualité de l’eau car elle permet à la fois le marketing (des embouteilleurs ou des Régies), les arnaques (des adoucisseurs et de certains fabricants de filtres) et le statut quo.
Si les citoyens étaient correctement informés, voici un moment que le chlore aurait disparu de l’eau du robinet, le sodium de la gestion du calcaire et les minéraux des eaux en bouteille.
Le paradoxe est le suivant : tout le monde recherche la meilleure qualité d’eau possible pour soi et sa famille mais très rares sont ceux qui prennent la peine de s’informer afin d’avoir la chance d’accéder à l’eau biocompatible. Prendre sa voiture et son chariot pour transporter des packs d’eaux minérales jusqu’à chez soi est une chose mais consacrer une heure à la compréhension de l’eau de qualité semble déjà trop long…
La source d’information est un autre problème. En l’absence de débat ou d’article journalistique, en l’absence de formation des médecins ou des scientifiques à la qualité de l’eau, le marketing des puissants a naturellement pris l’ascendant. La nature a horreur du vide et la place a été laissée béante aux exagérations publicitaires…
Pourquoi les journalistes ne s’intéressent-ils pas aux scandales de l’eau ? J’ai contacté, à au moins quatre reprises en 2022, plusieurs centaines de journalistes Suisse pour leur communiquer des fiches d’information didactiques et précisément sourcées sur les principaux scandales de l’eau : les adoucisseurs, le chlore dans l’eau potable, les minéraux inassimilables et le marketing des régies.
J’ai obtenu à chaque fois quelques dizaines de remerciements… mais toujours pas le moindre article. Pourquoi ? Les enquêtes sur l’eau seraient-elles interdites afin de ne pas nuire aux intérêts économiques des vendeurs d’adoucisseurs ou des embouteilleurs ? Est-ce un problème politique : ne surtout pas critiquer la qualité de l’eau en Suisse – et donc le travail des Régies publiques – afin de ne pas miner la confiance des consommateurs ? Plus prosaïquement, serait-ce faute de moyen, les médias n’ayant plus le temps ou capacités de mener l’enquête ? Ou bien encore par peur du risque, un journaliste ne pouvant se permettre de mécontenter les puissants ? Ce ne peut en tout cas être un désintérêt pour la question, sauf à considérer naïvement que tout est limpide et coule de source…
Le cercle est ainsi vicieux : pensant que tout va bien ou sachant pertinemment qu’il ne peut en parler, le journaliste n’y réfléchit pas, ne dit rien et entérine l’omerta et donc les scandales de l’eau… Civilisation des impostures où l’on préfère se bercer d’illusions et laisser croire… pour le plus grand bénéfice, in fine, des embouteilleurs !
Même chose côté Régies distributrices. Avant la publication de mon livre, j’ai contacté une dizaine de régies et multinationales de l’eau pour leur poser une trentaine de questions. Une seule m’a répondue – la Régie de Genève – et pour me dire qu’elle n’était pas compétente sur ces questions ! Recontactée à plusieurs reprises, elle m’a fait comprendre que je ferais mieux de me taire et qu’elle ne voulait surtout pas en savoir davantage sur la qualité de l’eau… La Maire de Genève, interpellée sur cette omerta, m’a conseillé de m’adresser… à la Régie !
En matière d’eau, la recommandation semble être de ne pas faire de vague et de ne surtout pas prendre le risque d’informer. Sans aucun recul ou esprit critique, le discours officiel et le marketing prennent alors toute la place… et le consommateur citoyen boit forcément la tasse !
Officiellement, l’idée est toujours de limiter la consommation d’eau en bouteille. Dans les faits, en mentant sur la qualité de l’eau du robinet ou en ne faisant rien pour l’améliorer, on favorise la défiance des citoyens et on le pousse insidieusement vers les eaux minérales… ou les pathologies par défaut d’hydratation. Un complot pour rendre tout le monde malade ? Non ! La vénalité des multinationales et l’incompétence (ou corruption ?) des politiques permet déjà d’expliquer beaucoup de choses… Mais il y a aussi parfois de simples conflits d’intérêts…
Lorsque les distributeurs d’eau informent…
Le Centre d’information sur l’eau (CIEAU) est-il un organisme neutre et objectivement indépendant ? « Association à but non lucratif, le Centre d’Information sur l’eau (C.I.eau) a été créé à l’initiative des professionnels qui assurent la gestion des services publics d’eau et d’assainissement en France. » explique le site.
Sa gouvernance est ainsi partagée entre la Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E) et les gigantesques acteurs de l’eau que sont Suez, Véolia ou le groupe Saur. Autant d’acteurs qui n’ont a priori pas grand intérêt à critiquer (ou à renforcer) des normes de potabilité qu’ils devront eux-mêmes par la suite respecter.
« Dans le cadre de ses activités quotidiennes, le Centre d’Information sur l’eau collabore avec des organismes publics, privés ou associatifs (ministères chargés de la santé, de l’environnement et de l’Éducation nationale, Agence Nationale de la Biodiversité, Agences de l’Eau, Institut national de la Consommation, FP2E, associations de consommateurs…) tant par le biais de groupes de travail formels ou informels, que de projets d’étude ou éditoriaux et de tables rondes. » précise le site.
Bon, la censure (voir les mésaventures de mes commentaires à la Directrice ci-dessus) n’est pas le meilleur moyen du dialogue mais le site est objectivement plaisant à lire avec des thématiques variées : connaître l’eau, l’eau dans la nature, les ressources en France et dans le monde, la pollution de l’eau, les enjeux du changement climatique et comment économiser l’eau. Un bon travail didactique de base.
Une vaste section du site est consacrée aux acteurs de l’eau, au service de l’eau (usage, consommation, distinction eau potable eaux usées, cycle domestique de l’eau,…) et enfin au baromètre de l’opinion, publié tous les ans. Celui de 2022 n’es