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Polluants perfluorés PFAS et TFA dans l'eau du robinet ou en bouteille: scandale, danger ou chiffon rouge?

Dernière mise à jour : 4 juin

« Eau secours! La pollution de moins en moins potable » titrait le Canard enchaîné le 18 octobre 2023, révélant le surprenant mail interne du directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie à ses cadres : « Il y a des PFAS et des métabolites partout. Et, plus on va en chercher, plus on va en trouver. [L’eau] ne doit plus être consommée, mais seulement utilisée pour tout le reste, [Il faut] donc privilégier l’eau en bouteille. » Suite au scandale d’une telle révélation, volte face prévisible quelques jours plus tard : « Oui (...) l'eau du robinet, en Occitanie est buvable ». Alors, que croire? La pollution de l'eau est-elle omniprésente? Les PFAS sont-ils vraiment les polluants les plus dangereux de l'eau potable? Le TFA est-il la catastrophe annoncée? L'eau en bouteille est-elle épargnée? Le point avec l’auteur du livre La qualité de l’eau (Ed. Médicis, 2020).


Article du Canard enchaîné du 18 octobre 2023 : un pavé dans la mare !  L'eau est-elle potable, consommable ou buvable ? Le point avec l'auteur du livre La qualité de l'eau
Article du Canard enchaîné du 18 octobre 2023 : un pavé dans la mare des polluants éternels PFAS

L'auteur Benoît Saint Girons et les couvertures de ses deux ouvrages sur l'eau: La qualité de l'eau et La voie de l'eau.

A propos de l’auteur. A l’origine du concept Les 8 Fondamentaux et du site Solutions Bio, Benoît Saint Girons est l’auteur d’une dizaine d'ouvrages dont La qualité de l’eau et La voie de l'eau. Spécialiste des solutions de filtration et de dynamisation, indépendant et donc plus objectif, il prodigue gratuitement ses conseils depuis 2002. Il a déjà aidé - via ses écrits, conférences, vidéos, discussions ou document pdf de synthèse à diffuser - des centaines de milliers de personnes à y “boire” un peu plus clair, leur permettant ainsi de retrouver le plaisir… d'une hydratation de qualité!



Cet article / dossier - sans doute l'un des plus complets sur le sujet des PFAS dans l'eau - a déjà fait l'objet de plusieurs mises à jour afin de suivre l'actualité des polluants éternels. Il vise notamment à répondre aux questions fondamentales suivantes:


  1. Faut-il avoir peur des PFAS dans l’eau?

La peur est toujours mauvaise conseillère et peut inciter à se précipiter sur une mauvaise solution donc, non, il convient plutôt de raison garder. Les PFAS sont source d’inquiétude compte tenu de leur nombre et persistance dans l’environnement mais la pollution ne date pas d'hier et les études sont toujours en cours pour étudier leur dangerosité réelle selon le dosage et le respect des nouvelles normes. Une personne en bonne santé ne devrait ainsi pas stresser outre mesure mais devrait néanmoins s’équiper d’un filtre adéquat pour appliquer le principe de précaution, se rassurer et au passage supprimer bien d'autres polluants.


  1. Quels sont les risques des PFAS sur la santé?

Selon l’Institut national de santé publique du Québec, les National Academies américaines ou encore l'Inserm, les PFAS pourraient avoir les incidences sur la santé suivantes: baisse de la réponse immunitaire suite à une vaccination, impact sur le foie, risque de cholestérol et de diabète, retard de croissance, baisse de la fertilité, augmentation des risques de cancer (rein ou testicules). Certains PFAS seraient également des perturbateurs endocriniens. Mais de nombreuses incertitudes subsistent, notamment sur le dosage ou les facteurs de risque. Globalement, améliorer son système immunitaire - via notamment une hydratation de qualité ou un moindre stress face aux PFAS - est la meilleure stratégie possible.


  1. Les PFAS sont-ils les polluants les plus dangereux de l’eau potable ?

A écouter certains médias ou fabricants de filtres, les PFAS seraient les polluants les plus nombreux et dangereux. Gardons toutefois à l’esprit que leurs quantités s’expriment en microgrammes et que l’eau ne représente que 20% des apports de PFAS. Filtrer est toujours recommandable mais avant tout pour filtrer le chlore, les métaux lourds, les résidus divers (médicaments ou pesticides) voire les minéraux inorganiques, présents quant à eux en mg/L. Les PFAS sont par contre certainement les polluants les plus dangereux pour les embouteilleurs et le marketing de la pureté en général: vu la contamination tout azimut, impossible désormais de se fier aux eaux en bouteille!


  1. Quelle eau boire compte tenu des PFAS?

Si l’on inclut le TFA - les PFAS les plus petits - la contamination est quasi-générale, y compris pour les eaux en bouteille. La pureté originelle n’existe plus, pour autant qu'elle ait jamais existé. Le mieux que l’on puisse faire - en considérant l’ensemble des polluants de l’eau - est donc de partir de l’eau du robinet pour la filtrer et la dynamiser. Au-delà des seuls paramètres physico-chimiques et donc de la propreté de l'eau, le plaisir de boire demeure le plus important pour assurer une hydratation de qualité.


  1. Comment filtrer correctement les PFAS de son eau?

Les bons filtres à base de charbon actif (pas les bâtons de charbon végétal et pas toutes les carafes) filtrent correctement les PFAS (mais pas le TFA) à hauteur d’environ 80-90%. L’osmose inverse (qui inclut du charbon actif) monte jusqu’à 99% mais est plus coûteuse et contraignante. Les membranes d’ultrafiltration (qui comprennent également du charbon actif) donnent un taux intermédiaire. Les PFAS ne sont toutefois que l’un des polluants de l’eau. La configuration de l’habitat ainsi que les contraintes énergétiques orientent en général vers la solution adaptée. N’hésitez pas à me contacter pour faire le point de votre situation. 


Pour se repérer dans l'article :


Lorsque la qualité de l'eau interroge (enfin)


Eau potable, buvable ou juste consommable ? On s’y perdait déjà dans les différentes définitions de l’eau… et la polémique d'octobre 2023 a encore rajouté à la confusion. « Et si l’eau n’était plus potable, mais consommable ? C’est la question posée par Le Canard enchainé » selon un article de France3-Région. « Très clairement, nous allons devoir changer d’approche et de discours » avertissait par mail interne Didier Jaffre, directeur de l’ARS Occitanie, à ses cadres, le 23 septembre. Enfin la fin de l’infantilisation des citoyens et un discours vérité quant à la réalité de la pollution de l’eau du fait du laisser aller agricole et chimique ?


Les PFAS, substances poly ou perfluoroalkylées (ou per ou poly-fluoroalkyles pour simplifier les choses), de leurs petits noms perfluorés, sont partout et il est donc normal d’en retrouver dans l’eau, surtout si l’on commence enfin à les chercher. Pour que les Verts genevois déposent – le 18 septembre 2023 – une motion « « Eau et santé humaine = éliminons les polluants de l’eau potable », l’heure doit être grave. Il est vrai qu’un article du site de consommateur Bon à Savoir avait révélé durant l’été 2023 que des PFAS avaient été « identifiés dans l'eau du robinet d'un foyer sur deux en Suisse, proportion encore plus importante sur le canton de Genève ». Un rapport de l’Association des chimistes cantonaux de Suisse (ACCS) validait en octobre 2023 que 46% des échantillons d’eau potable du pays contenaient des PFAS. Quant aux nappes phréatiques, elles sont évidemment polluées: "La zone la plus fortement touchée est Aire-la-Ville où la contamination des eaux souterraines dépasse 400 fois la norme [de 50 ng/l]." selon un article de la RTS.


Tant pis donc pour le mythe marketing de la qualité « irréprochable » de l’eau de Genève. Le parti écologiste, prenant son courage à demain, se devait de réagir, ne serait-ce qu’avec un temps de retard. Après avoir bloqué en caucus deux motions sur la qualité de l’eau fin 2022 et début 2023, ils demandaient enfin à « établir une expertise sur la situation des micropolluants en ville de Genève en partenariat avec les institutions, associations et experts privés travaillant sur l’eau » et à « travailler avec les acteurs de la filière de l’eau potable pour éliminer toute trace de PFAs. » Bon courage vu les conflits d’intérêts et les préjugés locaux… ou ne serait-ce que parce que les PFAS sont réputés quasiment indestructibles. Cela prendra dans tous les cas un certain temps… durant lequel les citoyens continueront à boire la tasse.


Mais ne soyons pas mesquins : à défaut d’apporter une solution concrète (comme je le proposais via la création de sources d’eau biocompatibles en accès libre) ou d'oser évoquer le chlore ajouté par la Régie, le contrôle des pollutions est évidemment nécessaire. La motion parle des micropolluants et pas des seuls PFAS et il vaut mieux en effet établir une expertise que de faire confiance aux experts officiels.


De l'eau du robinet aux eaux en bouteille ?


Les scandales se multiplient concernant la qualité de l’eau et les PFAS ne sont que la goutte d’eau de trop. Via des articles de presse plus ou moins relevés, le citoyen découvre hébété que les pouvoirs publics auraient menti : potabilité ne signifie pas absence de pollutions et donc de risques. « Les polluants potentiellement dangereux appelés PFAS sont presque partout, depuis les produits de tous les jours comme les emballages de fast-food et les bouteilles en plastique jusqu'à nos réserves d'eau. En réalité, les PFAS sont le principal contaminant de l'eau depuis les années 2010s. » souligne un article de la multinationale de l’eau Véolia. Bref, les professionnels savaient depuis belle lurette mais les médias (et donc le grand public) le découvrent seulement maintenant…


De là à recommander la consommation d’eau en bouteille ? Le discours en off du directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) est déjà surprenant mais ses recommandations sont, pour le coup, totalement surréalistes et dénotent d'une méconnaissance coupable de la qualité de l’eau : essayer d'éviter les micropolluants de l’eau du robinet pour tomber dans les macro-polluants que sont les minéraux inorganiques des eaux embouteillées, sérieusement ? « Ce haut cadre, nommé en Conseil des ministres, n’est pas un expert des eaux de consommation humaine » précise Le Canard enchaîné. Il n’est donc de toute évidence pas au courant – mais à sa décharge l’Académie de Médecine et les médecins non plus – que nous sommes hétérotrophes et ainsi incapables d’assimiler correctement les minéraux des eaux…


Au passage, les PFAS se retrouvent également dans les bouteilles plastiques : selon un article de USNews, « du PFOA et du PFOS [les PFAS les plus dangereux] ont été détectés dans plus de 99% des eaux en bouteilles testées.» En l'occurrence 112 bouteilles de 87 marques de 15 pays en Asie, Europe, Amérique du Nord et Océanie. L'article précise ensuite avoir trouvé des PFAS dans 63% des bouteilles ce qui est sensiblement moins (en plus d'être incohérent) mais le message est passé: la pollution est partout et davantage encore si l'on se concentre sur le TFA (voir plus bas). En Suisse, 4 marques (Henniez, San Pellegrino, Swiss Alpina et Valser) ne sont pas considérées comme "pure" selon un article de LeTemps


« La veille de l’envoi de [son] courrier, cependant, un séminaire rassemblant tous les directeurs d’ARS s’est tenu au ministère de la Santé, à Paris, et c’est à cette source qu’il a puisé l’inspiration de son message. La situation préoccupante de la flotte y a été évoquée, car, depuis le début de l’année, les alertes se multiplient » explique Le Canard enchaîné. Si les bêtises viennent du Ministère de la Santé française, alors nous voilà bien rassurés!


Les normes de la potabilité sont-elles fiables ?


L'eau potable du robinet a toujours été polluée par des résidus chimiques (pesticides, médicaments, cosmétique, plastique,…) et les perfluorés PFAS ne sont que la goutte de trop. « Eau potable : la menace des polluants » titrait ainsi le magazine Sciences et Avenir en Juillet 2023. « Et si de dangereux polluants n'avaient jamais été identifiés simplement faute de les avoir cherchés ? » s’interroge la journaliste, rappelant que seules 800 molécules environ sont recherchées. Tout le problème en effet est là : quand on cherche on trouve ! Et si les normes n'obligent pas à chercher, eh bien il y aura logiquement nettement moins de polluants détectés !


« En 2026, un renforcement des contrôles de ces substances dans l’eau potable sera rendu obligatoire. D’ici là, écrit le patron de l’ARS d’Occitanie, « le conseil donné (…) est de ne pas le faire ». Une méthode éprouvée : pas de contrôle, pas de problème ! » souligne ironiquement Le Canard. Les médias qui ont relayé l’article se sont peu étendus sur ce passage, pourtant le plus cyniquement choquant : un responsable d’une ARS – agence censée protéger les français – mis au courant d’une pollution problématique, conseille à ses cadres de sciemment la masquer !


La directive européenne 2020/2184 sur la qualité des eaux de consommation humaine, transposée en droit français en décembre 2022, stipule que les PFAS devront être intégrés dans les analyses sanitaires de l’eau de consommation d’ici 2026, ou dès le 1er janvier 2023 pour les points où la présence de PFAS a déjà été identifiée par l’administration. Le mieux est donc encore de ne pas réaliser les contrôles…

Les normes en outre se dégradent, ce qui est un autre moyen de rester dans les clous. Ainsi, les métabolites de pesticides non pertinents sont désormais exclus du calcul pour la somme des pesticides (limite de 0,5 μg/L), ce qui permet d'en avoir du coup beaucoup plus... dont les plus dangereux ! Voir l'article Quelle est la vraie qualité de l'eau potable du robinet ?


Un site médical Belge interroge la prochaine future norme concernant les PFAS, "politiquement" fixées à 100 ng/l (0,1 μg/l) pour 20 PFAS et à 500 ng/l (0,5 μg/l) pour la totalité des PFAS (hors TFA). Pourquoi un tel seuil européen, applicable en France à partir de janvier 2026 ? Le Canada proposerait 30 ng/L, l’Environmental Protection Agency (EPA) américain 4 ng/L (mais pour seulement quelques PFAS) et le Danemark un record de 2 ng/L (pour 4 PFAS individuels seulement) Quant aux normes Suisse, elles limitent déjà spécifiquement 3 PFAS à hauteur de 0,3 (PFOS) ou 0,5 µg/L (PFOA), ce qui peut sembler peu, sauf lorsque l’on converti les microgrammes en nanogrammes soit alors 300 à 500 ng /L ! La norme Suisse, qui était en avance, serait alors bien à la traîne...


Selon un article de l'ARS Auverge-Rhône-Alpes, un avis scientifique de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a été publié en juillet 2020. La dose hebdomadaire tolérable (DHT) des 4 PFAS devant faire l’objet d’une attention sanitaire particulière (PFOS, PFOA, PFNA, PFHxS) a été estimée à 4,4 ng/kg de poids corporel, par semaine. Un enfant de 20 kg ne devrait ainsi pas être exposé à plus de 88 ng par semaine soit 12,57 ng par jour. En admettant qu’il boive un litre d’une eau potable aux limites de la norme Suisse (soit donc 300 ou 500 ng/l), il absorberait déjà, tous les jours, de 23,8 à 39,7 fois la dose recommandée ! Au bout de combien de temps tombera-t-il malade sachant que l'eau ne représenterait que 20% des apports de PFAS ?


Un article du journal Le Temps (2 décembre 2023), nous incite à un autre calcul : "Une étude menée par notre service a montré que la concentration moyenne des [principaux] PFAS dans l'eau potable distribuée par le réseau lausannois était d'environ 0,002 µg/L. Nous sommes donc confortables par rapport à la norme suisse en vigueur" rassure le Chef du service de l'eau de Lausanne. Et par rapport aux limites de l'EFSA de 4,4 ng/kg par semaine ? 0,002 µg/L = 2 ng/L ce qui signifie que notre enfant de 20 kg ne dépasserait la dose que s'il buvait 6,2 litres par jour, ce qui est peu probable... et donc en effet rassurant.


« Les seuils n’ont qu’une valeur réglementaire et sont là pour aider à encadrer mais ne constituent pas une dose en dessous de laquelle la sécurité du patient est assurée. » conclut l’article. Les normes ne prenant pas non plus en compte l’accumulation des polluants, l’effet cocktail ou encore l'énergie de l'eau (protons + électrons), il faut être bien naïf pour penser être en sécurité. L'eau peut-être "potable" et donc sans risque à court terme, elle n'est certainement pas bonne pour la santé à moyen ou long terme... pour autant évidemment qu'on arrive à la boire...



Une contamination générale de la population aux PFAS ?


Dans l'étude du magazine Suisse Bon à savoir de juillet-Août 2024, plus de 400 échantillons suisses de l'eau étaient contaminés sur 800 soit plus d'un sur deux ! 22 échantillons dépassaient la valeur limite de 4 ng/L. de l'EPA pour le PFOA et 75 échantillons pour le PFOS !


Selon les normes de l'EFSA, "Les échantillons d'eau potable de dix-sept communes présentent un niveau de contamination qui dépasse cette limite dans le cas où une personne de 60 kilos boirait deux litres de cette eau par jour". Vu la difficulté à boire une eau chlorée très oxydée (cas par exemple de l'eau de Genève), ces 2 litres par jour demeurent très hypothétiques... Mais quid de l'effet cocktail ou de la bio-accumulation ?


La pollution aux PFAS en Suisse selon les échantillons de 800 lecteurs du magazine Bon à savoir, Juillet 2024
La pollution aux PFAS en Suisse selon les échantillons de 800 lecteurs du magazine Bon à savoir, Juillet 2024

Plus inquiétant, le même magazine titrait en Novembre 2024 "Du poison coule dans nos veines". Sur les 35 échantillons de sang (de lecteurs) envoyés au laboratoire, 100% contenaient des PFAS et seuls 3 échantillons présentaient un taux suffisamment bas "pour ne pas craindre de conséquences graves sur la santé". Est-ce à dire que 91% des personnes testées pouvaient ainsi s'attendre à des effets néfastes sur leur santé?!?


En France métropolitaine, ce n'est pas vraiment mieux : 43% des échantillons d'eau du robinet contiennent des PFAS. Parmi ces prélèvements, 71% contenaient des PFAS interdites ou classées cancérogènes...


L'eau potable n'est évidemment pas seule en cause mais elle est la plus choquante alors que les PFAS peuvent y être correctement filtrés. En essayant de rassurer les citoyens via des campagnes marketing mensongères sur l'excellence de l'eau potable, les Régies et les pouvoirs publics sont les premiers responsables du sous-équipement des ménages en filtres de qualité... et donc d'une bonne partie de la contamination des citoyens !



A la découverte des polluants perfluorés PFAS


Après les scandales des résidus de pesticides dont le chlorothalonil – présent dans le robinet d’un Français sur deux et dépassant le seuil réglementaire dans un tiers des cas – ce sont donc les composés PFAS qui font aujourd’hui parler d’eux. Reconnus comme polluants organiques persistants (POP), présentés – par Le Monde notamment – comme rien de moins que « le poison du siècle […] substances chimiques toxiques et quasi indestructibles », on les retrouve dans des milliers de produits (dont le Teflon des poêles et le Gore-Tex des textiles mais aussi des tapis, des emballages alimentaires, du fil dentaire, des cosmétiques, des skis…) en tant que antiadhésifs, anti tâches, imperméabilisants ou encore pour sa résistance à la chaleur. Une autre source importante de contamination est liée aux interventions de pompiers utilisant une mousse anti-incendie contenant un émulsifiant fluoré aux PFAS.


On estime qu'il existe entre 5000 et 15000 types de PFAS (Wikipedia avance même le chiffre de 6 à 7 millions de PFAS !) et qu’ils auraient contaminé plus de 17 000 sites en Europe! 250 000 tonnes de PFAS sont produits tous les ans sur le sol européen! Si vous voulez vous faire peur, voici une carte des pollutions en Europe.


Le film Dark waters de Todd Haynes, sorti en salles en France en février 2020, revenait déjà sur la pollution de l’eau par la molécule du Téflon de l’industriel Dupont aux Etats-Unis dans les années 80-90 et ses répercussions judiciaires. Il s’agissait alors précisément du PFOA ou acide perfluorooctanoïque (aussi connu, pour faire simple, sous les noms de C8 et de perfluorooctanoate), sous-famille des PFAS, créée à l’origine par la société 3M (le fabricant du Scotch et du Post-it). Classé cancérogène certain (Groupe 1) par le CIRC de l'OMS et perturbateur endocrinien, la molécule a été interdite aux Etats-Unis et en Europe (où elle est remplacée par d’autres produits similaires et pas forcément moins problématiques) mais est toujours utilisée en Chine… « Quarante et un secteurs sont potentiellement concernés par l’utilisation de PFOA, parmi lesquels la fabrication de tapis et moquettes, de papiers peints, de chaussures, de vernis, de détergents, d’appareils ménagers... » souligne un article du Huffington Post. Un article de février 2022, intitulé Le début de la fin pour les PFAS ?, retrace l'historique des différentes interdictions... avant que tout ne s'emballe!


Très persistante sinon increvable (du fait de la présence d’une liaison réputée indestructible entre atomes de carbone et de fluor), on retrouve le PFOA un peu partout. « Là où les scientifiques ont testé la présence de PFOA dans le monde, ils l’ont trouvé. Le PFOA se trouve dans le sang ou les organes vitaux du saumon de l’Atlantique, de l’espadon, du mulet rayé, du phoque gris, du cormoran commun, de l’ours polaire d’Alaska, des pélicans bruns, des tortues de mer, des aigles de mer, du pygargue à tête blanche du Midwest, des otaries de Californie et des albatros de Laysan sur l’île de Sand, un refuge faunique sur l’atoll de Midway, au milieu de l’océan Pacifique Nord, à mi-chemin entre l’Amérique du Nord et l’Asie », liste un article du New York Times. 99 % des habitants de la planète présenteraient des traces de PFOA dans leur sang. Près de 98 % des Américains en possèderaient un très fort taux selon une étude américaine. En France, l’étude Esteban montre que 100% des participants, enfants comme adultes, en auraient aussi...



Quels sont les risques des PFAS sur la santé?


OK, il y en a partout mais les PFAS sont-ils si dangereux que cela?  Selon l’Institut national de santé publique du Québec, “l’exposition à long terme à certaines PFAS peut être associée à des effets sur la santé comme la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, le débalancement des lipides dans le sang comme le cholestérol, la baisse du poids de naissance et l’augmentation du risque de cancer du rein. Des incertitudes subsistent concernant la probabilité d’occurrence et la gravité de ces effets selon le niveau d’exposition.


D’où il s’avère que : 

1. L’exposition doit être à long terme: ceci semble déjà être le cas au regard de la contamination globale de ces polluants éternels mais encore est-il nécessaire de dépasser une certaine dose. Laquelle exactement? Les réglementations en train d’être élaborées seront-elles suffisamment protectrices?

2. Même si les études sont loin d’avoir fait le tour de la (vaste) question, seuls certains PFAS seraient vraiment problématiques. Quid par contre de l'effet cocktail?

3. Les effets sur la santé sont essentiellement une augmentation de certains risques, sans aucunes certitudes pour le moment.  


Les problèmes de santé associés aux PFAS sont aussi liés à de nombreux facteurs de risque documentés et caractérisés (génétique, habitudes de vie, exposition à des contaminants environnementaux, etc.). Il est difficile de départager la contribution spécifique des PFAS.”  Si vous êtes déjà malade ou affaibli, la contamination aux PFAS n’améliorera pas les choses. Si votre système immunitaire est performant - ce qui passe par une bonne hydratation - les PFAS ne devraient sans doute pas être votre première source d'inquiétude.


A ce jour, les PFAS les plus étudiés, les plus problématiques et les plus régulés sont le PFOA et le PFOS, catalogués par le CIRC de l’OMS respectivement dans le groupe 1 “cancérogène certain pour l’homme” et groupe 2B “cancérogène possible pour l’homme”. Ces risques de cancer concerneraient surtout les reins et les testicules. Certaines PFAS seraient des perturbateurs endocriniens quand d’autres pourraient avoir des effets délétères comme l’infertilité, des retards de croissance ou encore le diabète. 


Mais aujourd’hui, il n’y a aucune certitude, en raison de l’existence de milliers de PFAS différents et autant de mélanges possibles, et qu’il est encore difficile de connaître les doses auxquelles nous sommes réellement exposés. Il est nécessaire d’accélérer les recherches sur ces substances et leur toxicité.” conclut un (trop) bref article de la Fondation pour la recherche médicale.


Bref, on n’est pas encore trop sûr de grand chose mais les PFAS ont de tout évidence des liens délétères avec la santé et le principe de précaution devrait s'appliquer. “Malgré les incertitudes et les limites soulevées, l’état actuel des connaissances scientifiques indique clairement que l’exposition aux PFAS peut affecter la santé humaine. La recherche continue activement pour mieux caractériser cette association.” précise un article complémentaire de l’INSPQ. Et de terminer en suggérant de prêter particulièrement attention aux personnes vulnérables ou à risque, dont les femmes enceintes et les jeunes enfants. 


Une chose toutefois est sûre : les PFAS ne sont pas la seule pollution de l’eau et il n’y avait pas forcément à attendre leur découverte pour commencer à filtrer correctement son eau du robinet.


Le TFA, la dernière frayeur ?


Après avoir fait peur avec les PFAs, pourquoi s’arrêter en si bon chemin? Affinons encore un peu plus les analyses et découvrons le TFA, le plus petit de la famille des polluants éternels.


De son petit nom acide trifluoroacétique, le TFA se retrouverait dans l'eau de 24 communes sur 30 (jusqu’à 13 000 ng/L.) mais aussi, selon un reportage de la RTBF, dans un certain nombre de marques d’eau en bouteille, jusqu’à une concentration de 2700 ng/L. Rappelons que la norme européenne pour 20 PFAS réglementés sera de 100 ng/L. seulement.


Le TFA est issu de la dégradation de pesticides, d’un herbicide (le flufénacet, récemment classé perturbateur endocrinien), de gaz fluorés utilisés dans les climatiseurs ou les frigos industriels et des eaux industrielles usées. Échappé dans l’atmosphère, il retombe via l’eau de pluie et contamine sol et nappes phréatiques. Des traces plus ou moins infimes de TFA sont ainsi aujourd’hui omniprésentes dans l’environnement.


Le TFA pourrait rendre nos eaux potables non conformes” titrait ainsi Que Choisir. Avec une logique imparable: dégradation d’un herbicide perturbateur endocrinien, le TFA devrait être considéré comme “métabolite pertinent” et respecter alors la limite de qualité de 0,1 µg/l (soit 100 ng/l) dans l’eau potable. Or selon les mesures du réseau Pesticide Action Network (PAN) Europe dans une dizaine de pays de l’Union européenne, dont la France, entre mai et juin 2024, cette limite de conformité est dépassée dans 86% des cas et dans 3 échantillons d’eau testés sur 4 en France avec une teneur moyenne de 740 ng/L, soit 7 fois plus. 63% des échantillons d’eau en bouteille sont également contaminés (12 sur 19) avec une teneur moyenne de 278 ng/l. 


Début 2025, la RTS Suisse a fait analyser 13 bouteilles d’eau minérale naturelle vendues en Suisse romande. Dix d’entre elles contenaient du TFA avec un taux record de 0,8 microgramme par litre dans l'eau d'Henniez, soit 800 ng/L. Autant pour la promesse de la “pureté parfaite”, pour autant qu’elle ait jamais existé. Côté eau du robinet, le taux grimperait jusqu’à 2,2 µg/l dont 1 µg/l (soit 1000 ng/L) pour les villes de Lausanne ou de Genève.


Sommes-nous ainsi condamnés à ne plus boire? Le stress et le manque d’hydratation étant les premières causes de consultation, les médecins n’ont en tout cas pas fini de voir défiler des patients…


Mais peut-être faudrait-il raison garder? La toxicité du TFA n’a pas encore été évaluée et elle serait nettement moins problématique que celle des PFOA ou PFOS (interdits en Europe depuis plusieurs années). Le TFA certes suspecté d’être nocif pour le foie et la reproduction avec des risques de malformations mais à quelle dose et sur combien de temps?  Certainement pas au dosage des autres PFAS en tout cas. Clairement pas avant des dizaines d’années. Au final, les TFA sont-ils ainsi vraiment plus nocifs que, disons, le sucre des sodas ou les nitrites/nitrates des charcuteries? 


Le TFA n’est pas inclus dans la liste des 20 PFAS de la directive européenne 2020/2184 et il n’est pas mesuré dans le contrôle réglementaire de l’eau. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) recommanderait une valeur sanitaire indicative de 60 microgrammes par litre, soit 60 000 nanogrammes, ce qui permettrait de voir venir… C’est le chiffre également retenu par l’Office fédéral allemand de l’environnement. 


Le SEDIF, le syndicat des Eaux d’Ile de France, se veut ainsi rassurant : leurs analyses ont détecté un taux entre 0,61 et 2,7 microgrammes par litre, bien inférieures donc à la valeur sanitaire indicative. Et de conclure: “Il n’y a donc pas de sujet quant à la conformité à la réglementation ni quant à la qualité des eaux distribuées par le SEDIF dont la potabilité est assurée.”


Idem pour les embouteilleurs. "Nous tenons à rassurer les consommateurs sur le fait que nos eaux répondent aux exigences réglementaires en matière de pureté originelle et peuvent être consommées en toute sérénité", affirme le groupe Danone, propriétaire de la marque Evian (où un taux de TFA de 90 ng/L. a été détecté). "[…] les concentrations de TFA trouvées dans l’eau minérale naturelle sont bien en dessous des niveaux qui pourraient être nocifs pour la santé." renchérit Nestlé pour sa marque Valvert (où le taux monte à 340 ng/L.). Sur la base d’une publication européenne de l'EFSA de 2018, l'Association suisse des sources d'eau minérale a calculé qu’une personne de 60 kg devrait boire 3750 litres d'eau par jour pour arriver à un seuil peut-être problématique…


Il n’y a aucune raison de recourir à de l’eau en bouteille alors que l’on peut filtrer l’eau du robinet chez soi mais ces multinationales ont probablement raison quant aux risques et ce n’est en outre pas de leur faute si tout se retrouve contaminé. 


D’ailleurs, autant se rassurer avec le TFA car ce PFAS à “chaîne ultra-courte" (il contient moins d'atomes de carbone et est de ce fait très petit et mobile) serait mal adsorbé par les traitements classiques à base de charbon actif. Seule l’osmose inverse (et sa membrane à 0,0001 µm) tirerait son épingle du jeu. A quoi bon faire peur s’il y a peu de solution? Toute analyse un peu poussée détectera du TFA. Arrêter de consommer de l’eau et boire plutôt du vin, la seule eau potable selon certains?  Pas de chance, la teneur de TFA augmente dans le vin “à un rythme galopant depuis 1988” d'après une étude du Réseau européen d'action contre les pesticides…



A qui profite le crime ou, en l'occurrence, la découverte ?


Si tout le monde est déjà contaminé, pourquoi donc soudainement en parler pour l’eau du robinet? Serait-ce le dernier chiffon rouge, agité pour éviter de parler des vrais problèmes? Le chlore est pourtant autrement plus problématique à court terme… ne serait-ce que parce que l'on n'a aucun plaisir à boire une eau oxydée et que l'on finit déshydraté (comme le seraient 70% des Français). Rappelons aussi qu'une eau alcaline (pour protéger la tuyauterie) et oxydée (à cause du chlore) est placée selon la Bioélectronique de Vincent (BEV), la science de l'eau qui dérange, sur le terrain des cancers, des virus et des vaccins !


Autre interrogation pour qui aurait l’esprit un peu mal tourné : qui bénéficie le plus de la mise en avant des polluants chimiques dans l’eau du robinet sinon les embouteilleurs ? Les médias diffusant l’information visent-ils véritablement à informer le grand public ou, plutôt, une fois de plus, à faire peur afin, indirectement, de soutenir les affaires plastiques de leurs puissants annonceurs ? Entre les nanoparticules de plastique, le scandale Nestlé de la désinfection en douce de l'eau en bouteille ou dernièrement les analyses TFA des principales marques, les multinationales ont eu droit aussi à leur dose de scandale mais, en matière de perception de la "pureté" de l'eau, gardent via leur marketing une longueur d'avance.


Le fait que les journalistes parlent aussi rarement (ou jamais) de la filtration de l’eau (sinon pour la critiquer) devrait également interpeller. La "solution" du directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) est à ce titre révélatrice : le salut viendrait donc selon lui de l'eau en bouteille? Absurde alors que nous avons au contraire quantité de raisons de vouloir boycotter les bouteilles plastiques.


Les fabricants et vendeurs de filtres devraient bénéficier également de la prise de conscience des pollutions de l’eau. Filtrer son eau a toujours été de bon sens mais attention alors à ne pas se précipiter : vous risquez de vous retrouver avec une solution bas de gamme voire avec un catastrophique adoucisseur, qui n'est pas un filtre !). Un bon filtre n’est pas celui qui fait le plus de marketing sur les réseaux sociaux ou figure dans un palmarès sur un média affilié à Amazon mais celui qui améliore la qualité de l’eau sans risques liés à son usage. A ce titre, le scandale Berkey en cours devrait faire réfléchir. Le choix d’une solution requiert un minimum de recul et de choix, le meilleur filtre étant celui qui correspond à votre configuration et à votre budget. Ne pas oublier non plus que la filtration n’est que première étape. C'est la dynamisation - encore moins discutée dans les médias - qui fait la différence entre une eau propre et une eau que l’on a véritablement plaisir à boire !


Entre cynisme et volte-face politique


La gaffe était énorme. Rectificatif donc quelques jours plus tard, précisément le 21 octobre via une interview du directeur de l'ARS à la Dépêche du Midi: « Je veux rassurer la population : l’eau d’Occitanie peut être bue en toute sécurité […] L'eau du robinet, en Occitanie est buvable » Et de préciser: « qu'il s'agisse des PFAS ou des métabolites de pesticides, il y a des recommandations faites par l'Anses, qui émet des valeurs et des seuils à ne pas dépasser. C'est sur cette base, que les 17 ARS de France réalisent les contrôles et nous vérifions qu'elles ne dépassent pas ces valeurs réglementaires. Et elle ne les dépasse pas, dans la très grande majorité des cas. Et quand elles sont dépassées, nous prenons les mesures qui s'imposent pour ne pas faire courir de risque à la population. » S’il veut rassurer la population, il a en effet intérêt à être rassurant. Mais réussit-il pour autant l’exercice ? S’il est vrai que « tout est poison, rien n’est poison » (Paracelse) et que les doses sont ici infinitésimales, les normes demeurent technocratiques et ne prennent jamais en cause l’effet cocktail et l’accumulation des polluants sur des dizaines d’années.


« Il s'agissait d'un mail interne, n'ayant aucune valeur d'information, qui reprenait une prise de note personnelle et succincte et qui forcément, sortie de son contexte, a pu faire naître une inquiétude. », assure Didier Jaffre au quotidien local. Un contexte professionnel, donc, où l’on avoue typiquement, sous le sceau de la confidentialité, des choses inavouables au grand public. « On ne peut pas dire la vérité à la TV, il y a trop de gens qui regardent » disait Coluche mais on peut de tout évidence le dire par mail interne, en espérant évidemment qu’aucun contact n’aura la mauvaise idée de contacter ensuite Le Canard enchaîné. Raté en l’occurrence ! Toute la France sait désormais ce que les experts de l’eau savent depuis plus d’une décennie : la qualité de l’eau se dégrade partout en France à cause de la chimie et de l'agriculture intensives et seules des normes de moins en moins exigeantes ou l'absence de contrôle permettent de maintenir l’illusion !


Que l’eau soit officiellement consommable ou buvable, nous voici dans les deux cas avec un recul vis-à-vis de la définition de la potabilité de l’eau, sous entendu, selon la définition médicale « sans danger pour la santé, même à long terme ». Il est intéressant de noter que la directive européenne ne parle déjà plus officiellement d’eau potable mais d’eau destinée à la consommation humaine (EDCH)… soit une eau obéissant à un certain nombre de normes et de critères… variables et globalement en berne.



La potabilité de l'eau est-elle une imposture ?


C'est la seule question d'importance (mais qui fâche) : en l'état, l'eau du robinet est-elle recommandable pour la santé ? Il y a une grosse différence entre le fait de ne pas faire courir de risque immédiat et le fait d’être bénéfique... L’eau du robinet a été qualifiée d’excellente qualité puisque potable par des régies ou des associations de professionnels de l’eau (comme par exemple le fort peu objectif Cieau) mais nous avons là une belle tautologie. La qualité de l'eau ne peut être définie par des normes technocratiques parcellaires ou en berne !


L’eau du robinet a été qualifiée d’écologique par le politiquement correct mais en se trompant de définition ! Au-delà des économies d’énergie (du système), l’écologie est avant tout la qualité d’existence dans un environnement donné. A cet égard, une eau alcaline et oxydée, qui entraîne des problèmes de peau et ne permet pas de s’hydrater correctement ne peut être qualifiée d’écologique ! Certaines études parlent de cancer après 10 à 30 ans de consommation d’eau chlorée et les choses ne s’amélioreront certainement pas en ajoutant les micropolluants dans l’équation…

Globalement, l’imposture de la qualité de l’eau est manifeste et nous sommes très loin de l’eau biocompatible que l’on obtient plus ou moins facilement – à partir de son eau du robinet – via une filtration et une dynamisation de qualité.


« De manière générale, nous sommes exposés à des centaines de substances plus ou moins toxiques pour l’organisme » explique une pédiatre spécialisée dans l’étude des pesticides et leurs conséquences sur le développement humain, dans un article de France 3-Région. J’aurais personnellement plutôt parle de dizaines de milliers de polluants… Nous sommes cernés de chimie lourde, notamment dans l’air ambiant, sans parler des ondes électromagnétiques pulsées… Si l’on cherche, on trouve et plus l’on cherche – ce qui semble désormais être le cas avec l’eau – plus l’on trouvera. Et nous avons de quoi faire vu le nombre de PFAS relargués dans la nature. Le TFA n'est que le dernier mis en évidence...


De là à stresser lorsque l’on s’approche du robinet ? Les normes sont perfectibles mais elles ont le mérite d’exister : l’eau traitée est objectivement une chance à l’échelle de la planète et une excellente base de travail ! L’objectif n’est pas de boire une eau dénuée d’absolument tout polluant via un fantasme de l’eau pure (qui n'a jamais existé) mais – selon la puissance de la filtration choisie, du charbon actif à l’osmose inverse – d’accéder à une eau aussi propre que possible.


L’idéal serait aussi d’arrêter d’avoir peur pour tout et n’importe quoi et de prendre plutôt les mesures qui s’imposent pour renforcer son système immunitaire. Les polluants ne datent pas d’hier (même si c’est le cas des mesures) et nous sommes pourtant toujours en vie.


Le site des technologies et solutions de la multinationale de l’eau Véolia, se veut ainsi rassurante vis-à-vis des PFAS : « Les membranes d'osmose inverse ont des ouvertures microscopiques. On ne peut pas les voir et même les PFAS sont trop gros pour passer à travers, de sorte qu'il n'y a pas d'accumulation au fil du temps ou de problèmes de colmatage. Il est continuellement évacué vers le concentré et la membrane est aussi efficace au bout d'un an que le premier jour. » Si l’osmose inverse est le procédé le plus efficace avec une qualité de filtration « efficace jusqu'à 99 % pour éliminer certains PFAS », le charbon actif fait également une partie du travail : « l'EPA indique que la filtration au charbon est efficace à 88-99 % pour traiter certains PFAS. » Et Véolia de proposer ses «solutions d'osmose inverse pour le traitement de l'eau et des processus » aux industriels et aux Régies puisque « le moyen le plus rentable de traiter les PFAS est de ne pas les laisser s'accumuler ».


Remontons aux sources jusqu'au tableau synthétique des solutions de l'EPA en page 10 avec pourcentage de réduction des PFAS :

  • Traitements traditionnels des stations d'épuration : < 25%

  • Charbon actif : 6:2 FTSA = jusqu'à 88% / HFPO-DA = jusqu'à 93% / PFOS = 90-99% / PFOA, PFBA et PFBS = jusqu'à 99%

  • Membrane d'osmose inverse (RO) : jusqu'à 99% de filtration pour tous les types de PFAS précédemment cités !


Rappelons en outre ici que tout osmoseur intègre également, au préalable à la membrane, un filtre à sédiment et un filtre à charbon actif, ce qui fait donc de l'osmose inverse le meilleur dispositif pour ne plus avoir peur des PFAS (ou des autres polluants).


Autre nouvelle rassurante : dans un article publié en Août 2022 dans la revue Science, des chimistes de l’université de Californie (UCLA), associés à des collègues américains et chinois, ont démontré qu'il était possible de « grignoter » progressivement certains PFAS via l'utilisation d'une eau chauffée entre 80 et 120°C ainsi que des solvants et réactifs courants, le tout sans émettre de produits nocifs. Cette solution de décomposition fonctionnerait sur une douzaine de PFAS et pourrait être utilisée en station de traitement des eaux potables.


Autre évolution rassurante : une bonne partie des conférences du salon Aquatech à Amsterdam de mars 2025 traitait de la filtration ou de l'élimination des PFAS avec des dizaines de procédés en cours de développement. Les technologies s'amélioreront donc encore avec, en objectif idéal mais pas encore pour demain, la dépollution de l'environnement. Problème, selon le Magazine Science & Vie de décembre 2024 : "La facture totale du traitement des eaux potables et usées pour éliminer les PFAS en Europe est estimée à 238 milliards d'euros par an..."



Quelle eau boire compte tenu des PFAS ?


“PFAS quelle eau boire”? L’IA (de Google, le 2/6/25) recommande - au-delà de la filtration de l’eau du robinet - deux eaux minérales : une marque hawaïenne (autant en effet faire local) et l’une des eaux les plus chargées en minéraux (2420 mg/L.!) - et donc l'une des moins pures - à savoir la Velleminfroy. Tout cela parce que cette marque clame à longueur de site qu’elle est « L'eau minérale naturelle la plus pure »  (et ne contiendrait pour le moment pas de PFAS, quid du TFA?). Voir le marketing de cette marque dans l'article Quelle est l'eau la plus pure?


Il est également possible de boire des eaux riches en minéraux, comme l'eau minérale Vittel et Evian, pour bénéficier de leurs bienfaits sur la santé.” conclut l’IA.  Passer d’un polluant infinitésimal (exprimé en microgrammes par litre) aux minéraux inorganiques des eaux exprimés en mg/L soit 1000 fois plus, il fallait oser!  Polluants dans les deux cas mais avec une incidence bien plus rapide et concrète - notamment sous la forme d'une déshydratation chronique ou de calculs rénaux - pour les minéraux…


Plus sérieusement, la présence de polluants supplémentaires (ils sont là depuis des dizaines d’années mais personne n’en parlait) ne justifie pas forcément de paniquer mais pourrait être une incitation à enfin filtrer correctement son eau. Autant éviter autant que possible la pollution en amont mais le plus important n’est pas tant le polluant que la résistance au polluant. Un système immunitaire performant devrait être l’objectif prioritaire et il passe évidemment par une hydratation de qualité.


La meilleure eau vis-à-vis des PFAS n’est ainsi pas forcément l’eau “pure” ou “parfaite” mais celle qui nous donne véritablement plaisir à boire, ce qui exclut d’office les eaux chlorées ou fortement minéralisées. La meilleure eau vis-à-vis de l’hydratation - et donc défense contre PFAS ou autres TFA - est l’eau présentant des caractéristiques énergétiques d’eau au naturel. Seule celle-ci permettra à un organisme – composé à environ 97% de molécules d’eau – de fonctionner correctement.

Prendre la qualité de son eau en main : les solutions !


A toute chose, malheur est bon. Face à la multiplication des polluants, la filtration commence enfin à être envisagée, voire recommandée, y compris pour les particuliers!  Exemple avec Véolia : « Si vous êtes propriétaire d'une maison, il est important de connaître la source et la qualité de votre eau potable et de savoir si des niveaux même faibles de PFAS sont susceptibles d'être présents dans votre eau potable. […] Pour une protection renforcée, vous pouvez installer un système de filtration au charbon ou d'osmose inverse pour l'eau de boisson et de cuisson. »


Et rien pour les appartements?  Il n'y a heureusement pas besoin d’être propriétaire pour s’équiper correctement : certains osmoseurs - comme par exemple les Fontaines Iona ou Déli-Pure -  s’installent en 5 minutes, sans installateur ou percement du plan de travail. On ne pourra par contre pas installer d’osmoseur sur une arrivée d’eau principale. Bref, une analyse de la configuration est nécessaire. Voir l'article Quel système de filtration choisir?


Pour éviter de stresser à tout va, il serait également préférable de prioriser les dangers et la nocivité des polluants de l’eau. En premier lieu vient le chlore, rajouté par les pouvoirs publics et donc peu discuté mais impactant le plus fortement la qualité de l’eau et le plaisir de boire. Ensuite les minéraux inorganiques, du fait de leur quantité parfois astronomique (en mg/L.), limitant l’hydratation et donnant un goût parfois surprenant à l’eau. Suivent les métaux lourds (plomb, mercure, arsenic, cadmium,...) liés à la pollution industrielle et agricole ainsi qu'à l'état de la tuyauterie. Viennent ensuite les résidus divers, pesticides, médicaments et PFAS, que nous détecterons de plus en plus à mesure que les analyses s’affineront. Puis les divers résidus de plastique, pas très ragoûtant mais que - au sein de notre “Civilisation plastique” - nous avalons et respirons en permanence. Enfin le TFA, présents également partout, mais à la nocivité moindre aux doses mises en évidence. Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive et demeure sujette aux dernières découvertes, notamment de nocivité.


A part le minuscule TFA et les minéraux, la bonne nouvelle est que tous les filtres classiques (à base de charbon actif) sont efficaces contre les PFAS... mais pas forcément au même niveau de filtration:


  • Bâtons de charbon végétal à placer dans l'eau: rien du tout côté PFAS et pas grand chose pour le reste. Ils ne devraient pas être considérés comme de vrais filtres.

  • Carafes filtrantes: de 20 à 96% de filtration des PFAS selon les études, les marques et les certifications (notamment NSF) avec une moyenne de 50%.

  • Filtres robinet: variable également mais plutôt moins que les carafe du fait d'un passage de l'eau plus rapide. Ceci peut toutefois être compensé par une plus grande quantité de charbon actif.

  • L'ultra filtration, sous la forme de carafe ou de filtre sous évier, offre une étape de filtration supplémentaire, après le charbon actif.

  • Fontaines par gravitation : le scandale des filtres Berkey incite à la prudence mais de plus gros filtres associés à un passage moins rapide de l'eau augmente forcément les performances vis-à-vis des PFAS (toujours pas du TFA). Demeure toutefois, comme nombre de fontaines à eau, la problématique du réservoir deau stagnante sans dynamisation dedans...

  • Gros filtres pour maison : la dimension de ces filtres et leurs améliorations technologiques (Fibres Aqualen, KDF, Membrane Ultrafiltration), permettent d'espérer une filtration supérieure. Jusqu'à 80-90%?

  • Osmose inverse : le nec plus ultra côté filtration (jusqu'à 99% pour les PFAS et une efficacité également sur le TFA) mais avec un certain nombre de contraintes : point d'eau unique, rejet d'eau, absence de pression limitant la dynamisation, grand nombre de modèles différents, coût parfois (trop) élevé,... Voir l'article Pourquoi l’osmose inverse et comment choisir son osmoseur?

La mauvaise nouvelle est qu’il ne faut pas attendre des autorités qu’ils fassent le travail à notre place. Des réglementations visant à limiter la pollution se mettent en place et les traitements de potabilisation en amont des tuyaux évitent les risques microbiologiques mais c’est en aval, au niveau des robinets ou arrivée d’eau principale, que réside notre responsabilité. 


La bonne nouvelle est que toutes les solutions reviennent toujours nettement moins chères qu’un budget eau minérale à l’année. La mauvaise est que ces solutions renchérissent forcément le coût de l’eau du robinet, qui ne risque pas non plus de baisser. La santé n’a pas de prix mais la pollution a un coût... et des taxes!


Dans tous les cas, se faire peur avec les PFAS ou tout autre nouveau polluant est contre-productif. Il existe des solutions donc mettons les en œuvre et passons à autre chose. Le traitement de l’eau (filtration + dynamisation) est une démarche proactive qui permet au passage d’apprendre à mieux respecter la ressource… en appréciant enfin son eau de consommation au quotidien!


« Nous sommes mal en point, car nous maltraitons l’eau. Améliorons enfin sa qualité et nous irons tous beaucoup mieux. »

L'auteur Benoît Saint Girons dans son élément...

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Pour en savoir encore plus sur la qualité de l’eau potable et les eaux du robinet :

Article de base pour éviter les arnaques de l'eau 

Les 3 problématiques et solutions Eau : www.solutionsbio.ch/eau

Vidéo Conférence-Tutoriel : La vraie qualité de l’eau (21’58)

Mes livres La qualité de l’eau (Ed. Médicis, 2020) et La voie de l'eau (Ed. Mendiant, 2025)

Me contacter pour une analyse gratuite de votre situation : +41 (0)76 532 8838 (rappel possible), sms ou mail

Couvertures du livre La qualité de l'eau de Benoît Saint Girons, Ed Médicis, 2020. Couverture du livre La Voie de l'eau, Editions du Mendiant, 2025. Quelle est la vraie qualité de l'eau potable? Comment retrouver enfin le plaisir de boire une eau biocompatible? Et comment suivre la voie de l'eau peut nous aider à aller beaucoup mieux?
Le livre pratique de référence + Une vie plus fluide









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