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Vrai – Faux : l’adoucisseur à sodium. Indispensable contre le calcaire ou dangereuse arnaque ?

La confusion domine en matière d’eau... La limpidité fait le plus souvent défaut... Le marketing s’impose comme source d’information… Exemple avec un produit emblématique du grand n’importe quoi : l’adoucisseur à sodium. Entre les affirmmations des fabricants – relayées par des installateurs sanitaires pour lesquels l’adoucisseur est une martingale économique – et le laisser-aller des pouvoirs publics, pas grand monde ne s’y retrouve et les propriétaires boivent le plus souvent la tasse. Essayons d’y boire ensemble un peu plus clair via ce vrai – faux consacré aux adoucisseurs.


Vrai faux sur les adoucisseurs à sodium : nécessaire pour combattre le calcaire et le tartre or arnaque commercialement coûteuse. Le point avec Benoît Saint Girons, auteur du livre la qualité de l’eau.
Une montagne de sel pour une eau adoucie toujours potable ?

Vrai faux pour y boire enfin plus clair :

L’eau adoucie n’est pas potable ?

L’eau adoucie est salée ?

L’adoucisseur favorise la prolifération bactérienne ?

Le calcium de l’eau de boisson est indispensable à la santé ?

L’eau destinée à la consommation humaine ne doit pas être adoucie en dessous de 15°TH ?

L’eau adoucie est corrosive ?

L’eau froide ne doit pas être adoucie ?

L’adoucisseur doit être scrupuleusement entretenu ?

L’adoucisseur lutte-t-il contre la pollution ?

Le calcaire n'est pas une fatalité ?

Un adoucisseur respecte le porte-monnaie et l’environnement ?

Un adoucisseur augmente la consommation d’eau ?

L’adoucisseur est-il une arnaque ?

En conclusion, pourquoi donc un adoucisseur ?

En savoir encore plus sur les adoucisseurs


« Difficile pour un homme de comprendre une chose si son salaire dépend de ce qu’il ne la comprenne pas » (Upton Sinclair)

Ce vrai/faux est basé sur le post (7/11/2012) d’un technicien (Pseudo : Xughe) avouant travailler pour une société d’adoucisseurs sur le ForumConstruire.com, lui-même basé – comme il le signale – sur un document de l'union des entreprises d'affinage de l'eau (UEA). Autant dire que nous sommes davantage dans la communication marketing que dans l’information objective. Nous présenterons d’abord les affirmations "semi-officielles" de ce sympathique technicien avant de mettre notre grain de sel et rétablir quelques vérités.



L’eau adoucie n’est pas potable ?


Affirmation du technicien : FAUX


« L’adoucissement sur résines échangeuses d’ions fait partie des procédés reconnus par le Ministère de la Santé pour le traitement des eaux destinées à a consommation humaine. […] En prenant l’exemple d’une eau dure dont le TH initial est de 30° f […], l’adoucissement à 6°f n’introduit que 110 mg/l de sodium. L’alimentation normale d’un adulte lui apporte 6000 milligrammes de sel par jour ; un régime « sans sel » , entre 1000 et 2000 milligrammes. A la lumière de cet exemple, comme en règle générale, on voit que l’apport en sodium des aliments est d’environ 98 % contre 2 % d’apport résiduel dû à l’adoucissement. A titre anecdotique, notons que l’eau de Badoit contient 150 mg de sodium par litre et que celle de Vichy Saint­Yorre affiche un taux record de 1700 mg/l, ce qui ne remet pas en cause leurs effets bénéfiques sur la santé. »


Réponse "Qualité de l’eau" : D’accord mais…


Stricto-sensu, la qualité de l’eau en sortie d’un adoucisseur peut en effet être potable si elle respecte bien les limites de 200 mg/L. de sodium dans l’eau. On est en droit par contre de s’interroger sur une telle norme sachant que les eaux de surface contiennent rarement plus de 20 mg/L. Un taux de sodium autorisé x10 serait-il par hasard lié au très lucratif business des adoucisseurs ? Sans augmentation du taux de sodium autorisé, il n’y aurait en tout cas simplement pas d’adoucisseurs !


Comme le note en outre Beone68 sur le Forum « Les critères comprennent des limites hors desquelles une eau ne peut pas être déclarée comme potable, mais également des limites appelées "références de qualité" qui ne sont pas contraignantes. […] De plus, devinez par qui ont été déterminés les critères de potabilités? Par les experts des grandes compagnies de distribution des eaux. Je vous laisse juge de l'indépendance de ces experts. Donc l'eau adoucie peut être potable au sens de la loi (à condition que l'adoucisseur soit bien réglé et en état de fonctionnement, mais c'est une autre histoire) sans pour autant être bonne pour la santé. Les auteurs du texte jouent sur cette confusion. » A retenir donc : les normes de potabilité ne signifient pas recommandable ou sans danger à moyen ou long terme !



Dans les faits – « l’autre histoire » – l’eau adoucie peut assez rapidement devenir non potable. En mars 2017, le laboratoire cantonal de Thurgovie (Suisse) a examiné 23 systèmes d’adoucisseurs anti calcaire choisis au hasard dans des maisons privées et des écoles. L’eau potable a été étudiée pour sa pureté bactériologique et sa composition chimique avant et après l’adoucisseur à sel. Pour 87 % des adoucisseurs (20 sur 23), le nombre détectable de micro-organismes (bactéries et champignons) dans l’eau potable a au moins doublé ! Et dans le cas de six adoucisseurs (26 %), la valeur maximale légale de germes dans l’eau potable a même été dépassée de 3 à 600 fois ! L’eau n’était alors absolument plus « potable » !


Les fabricants aiment rappeler que leur merveilleuse technologie est validée par rien de moins que le Ministère de la Santé… sous entendu recommandée. Autre confusion ! La Circulaire DG 5/VS 4 n° 2000-166 du 28 mars 2000 relative aux produits de procédés de traitement des eaux destinées à la consommation humaine de la Direction Générale de la Santé liste bien l'adoucissement de l'eau... mais dans les précédés de "Dénitrification biologique", au même titre que l'électrodialyse, la distillation ou l'osmose inverse. Est-ce à dire que l'adoucissement est recommandé par le Ministère de la Santé pour être installé chez un particulier ? Certainement pas !


En Suisse, les règles de l’OPBD sont limpides : « L’eau potable ne doit présenter aucune altération de l’odeur, du goût et de l’aspect, tandis que le type et la concentration des microorganismes, parasites et contaminants ne doivent présenter aucun danger pour la santé. » (Article 3).


On retrouve plus ou moins la même chose dans l’article 11 de la nouvelle directive européenne (UE) 2020/2184, qui introduit des exigences de sécurité sanitaire dans le cadre de la mise sur le marché et de l’utilisation des matériaux entrant en contact avec l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH). Ainsi les matériaux ne doivent pas :

- être à l’origine, directement ou indirectement, d’un risque pour la santé humaine ;

- altérer la couleur, l'odeur ou la saveur de l'eau ;

- favoriser le développement de la flore microbienne ;

- libérer des contaminants dans les eaux à des niveaux pouvant engendrer un non-respect des exigences de qualité de l’EDCH."


L'adoucisseur à sodium respecte-t-il ces différents points ? Potentiellement (mauvais réglage, mauvais entretien,…) non !


Revenons aux arguments du technicien. L’exemple donné est assez caricatural : d’une part, un taux de 30°fH ne justifie normalement pas d’adoucissement de l’eau car il n’y a à ce niveau pas de risque réel d’encrassement. D’autre part, le taux résiduel de 6°fH est beaucoup trop bas. Enfin, il faudrait comparer ce qui est comparable : le taux en sel (chlorure de sodium) s’obtient en multipliant le taux de sodium par 2,5 soit ici un taux de 275 mg/L. de sel. Une goutte d’eau par rapport à la consommation de sel via l’alimentation ? Certes mais une goutte qui pourrait faire déborder le vase : les excès en sel induisent plus de 25 000 décès tous les ans en France et il n’y a donc aucune raison d’en rajouter dans l’eau !


Les eaux minérales ne sont pas des eaux de consommation courante et citer les plus chargées en sodium, celles chargées en bicarbonates (Badoit contient 180 mg/L de sodium et non 110 mg, voir Fiche pdf Comparatif des Eaux Minérales) vise donc à créer une nouvelle fois la confusion. N’en déplaise à l’Académie de Médecine française, les effets sur la santé de minéraux inorganiques demeurent totalement hypothétiques… et le sodium – susceptible de créer rétention d'eau, œdèmes et hypertension – jamais recommandé !



L’eau adoucie est salée ?


Affirmations du technicien : FAUX


« Dans le chlorure de sodium, utilisé notamment pour la cuisine, le goût « salé » provient de l’association du sodium et des chlorures. Or, dans une eau adoucie, c’est la teneur en sodium qui augmente, alors que le taux de chlorure demeure inchangé. Si le goût du sodium était perceptible, on pourrait dire tout au plus que l’eau est « sodée ». Autre procès fait quelquefois au sel de régénération : il polluerait. La vérité est que pour un TH ramené de 30°f à 6°f, moins de 40 grammes de sel sont rejetés à l’égout lors de la régénération, une à deux fois par semaine, pour une consommation de 100 litres d’eau par jour et par personne »


Réponse "Qualité de l’eau" : d’accord mais…


L’adoucisseur utilise (tout comme les machines à laver) du sel régénérant constitué à 99,5% de chlorure de sodium soit 60% de chlore et 40% de sodium. Comment le taux de chlorure demeurerait-il du coup inchangé ? Mystère ! Mais l’UAE persiste sur son site : « Dans l’eau adoucie, seule la teneur en sodium augmente légèrement et le sodium n’a pas de goût (apport de 4,6 mg/l d’eau pour 1°f adouci). »


L’eau adoucie n’a donc pas de goût salé. Elle a par contre un goût douceâtre, évidemment perceptible et fort peu agréable à boire. Résultat, la plupart des usagers consomment plutôt de l’eau en bouteille ou investissent dans un osmoseur (vendu à prix d’or, en seconde étape, par les fabricants d’adoucisseurs), seul dispositif capable d’enlever le sodium de l’eau.


L’eau adoucie n’a peut-être pas de goût de sel mais bel et bien du sodium dedans. Elle est donc bien « salée » alors que nous n’avons pas besoin de davantage de sodium dans notre alimentation et surtout pas dans notre eau. « Le Docteur Margaret Crawford rapporte un accroissement consécutif de 17% des décès dus à des accidents coronaires dans 11 agglomérations urbaines britanniques où l'on a procédé à l'adoucissement de l'eau à l'échelle municipale. Les USA et la Suède arrivent à des conclusions similaires. » notait déjà le Dr Alain Guyon dans sa thèse de Doctorat en 1985.


Le sel en outre pollue ! Un internaute (Nanoreso) s'est amusé au calcul : « 40g de sel x 4 pers x 2 régénérations par semaine x 52 semaines =16640g de sel rejetés, soit 16,5 kg/an, infime effectivement. Et pour une ville entière ? Sachant que chez mes parents, l’appareil consommait plutôt 4 sacs de 25kg/an…» soit donc 100 kg ! Les sacs de sels régénérants consommés tous les ans permettent de mieux visualiser l'impact de l'adoucisseur sur son environnement... Même si les quantités rejetées peuvent paraître ridicule, avons-nous besoin de davantage de sel dans les nappes phréatiques ?


Enfin, une autre chose est avérée : la facture de l’adoucisseur à sodium est, elle, toujours salée !

L’adoucisseur favorise la prolifération bactérienne ?


Affirmations du technicien : FAUX


« Seule, la stagnation de l’eau favorise la prolifération bactérienne. […] notre corps humain est heureusement peuplé de millions de bactéries, de toutes sortes. Elles nous font vivre. Dans l’eau potable, très peu d’entre elles sont nocives et les mécanismes immunitaires de notre corps sont là pour les neutraliser. De plus, dans un adoucisseur, l’eau circule quotidiennement. Les experts européens estiment ainsi que la prolifération des bactéries dans les appareils de traitement complémentaire de l’eau ne représente pas un risque pour la santé humaine. Toutefois, en cas de non utilisation prolongée (vacances par exemple), il est recommandé de déclencher une régénération avant un nouveau soutirage. Par ailleurs, l’adoucissement de l’eau constitue un traitement préventif car, en évitant l’entartrage des canalisations et des ballons d’eau chaude, il protège contre certaines bactéries redoutables telles que la Legionella qui trouve dans le tartre un refuge idéal. »


Réponse "Qualité de l’eau" : pas d’accord mais…


L’étude du laboratoire cantonal de Thurgovie démontrait bien une prolifération microbienne, dès lors que l’adoucisseur n’était pas correctement utilisé ou entretenu. C’est également le cas avec les fontaines à eau des entreprises, les fontaines à réservoir ou les carafes filtrantes : la stagnation d’une eau privée de chlore entraîne une prolifération microbienne et c’est pourquoi il est recommandé de consommer les bouteilles d’eau dans les deux ou trois jours.


Nous hébergeons non pas des millions de bactéries mais quelques 39 000 milliards au dernier recensement. « Le microbe n’est rien, le terrain est tout » et nous n’avons donc en effet pas grand-chose à craindre des bactéries (non fécales) qui se développeraient dans notre eau. De là à se demander à quoi sert le chlore ? Les bactéries et virus dangereux ont été supprimées en pré traitement via l’ozone et les UV…


L’adoucisseur via un effet anti dépôts calcaire protègerait contre la Legionella ?

- « Faux, souligne Nanoreso sur le Forum, le seul moyen de se protéger de la bactérie de la légionellose est de maintenir son eau chaude au dessus de 60° et sont eau froide sous 20° » Bref, nul besoin d’un adoucisseur pour cela !

- « Non, un adoucisseur lutte contre le calcaire qui peut être un abris, un vivier pour la legionella. Ne faites pas dire tout est n'importe quoi ! » s’émeut le technicien, avant de clarifier : « Non, un adoucisseur n'est pas un détartreur. Bien réglé, l'eau qui sort de l'appareil reste légèrement calcaire. » Tout est toutefois dans le « bien réglé »…


Au final qui croire ? Dans le doute, direction internet où une recherche « legionella + calcaire » nous propose un document de l’Office fédéral de la santé (OFSP) Suisse de 2018 où il est précisé : « la rouille et d'autres incrustations ainsi que des dépôts excessifs de calcaire limitent l’efficacité de mesures de purge et d’étapes de désinfection » (p.57) et aussi « La surface rugueuse de tels revêtements, les niches parcourues par un faible courant et les nutriments offrent aux bactéries protection et possibilité de proliférer. Il est donc nécessaire d’entretenir régulièrement les accessoires à robinetterie. Pour ce faire, il faut les démonter, les nettoyer et les détartrer. » (p.60)


Bref, le technicien n’avait pas forcément tort… mais la température de l’eau demeure le point crucial dans la gestion des salmonelles : ne pas dépasser les 65°C afin de ne pas former trop de calcaire, viser donc plutôt les 60°C (destruction des légionelles à partir de 55°C) sachant que les légionelles se multiplient idéalement entre 25 et 45°C. En dessous de 25°C et au dessus de 45°C, elles sont viables mais incapables de se multiplier… calcaire ou non !



Le calcium de l’eau de boisson est indispensable à la santé ?


Affirmations du technicien : FAUX


« […] Mais les sels de calcium dissous dans l’eau de boisson ne sont que peu assimilés par l’organisme humain. Même chargée en calcaire, l’eau n’apporte qu’une faible partie du calcium nécessaire aux besoins de la personne […] Le rôle de l’eau dans l’apport en calcium est tout à fait marginal. C’est pourquoi on ne constate pas de carence calcique imputable à l’eau dans les régions où celle-ci est naturellement douce. »


Réponse "Qualité de l’eau" : d’accord !


Le technicien a évidemment raison : les minéraux inorganiques des eaux sont globalement inassimilables. Nous ne léchons pas de cailloux ! Nous sommes hétérotrophes et devons pour nos minéraux (organiques) passer par les végétaux. Toutes ces eaux minérales encensées par l’Académie de Médecine vont en réalité encrasser notre organisme et entraîner un surtravail des reins.


Une exception toutefois avec le Biodynamizer qui, via un brassage en profondeur de l’eau et une action magnétique, replace les minéraux sous forme colloïdale (comme les eaux au griffon, à la source) qui seront alors plutôt éliminés via les intestins et les selles. Sur cette question minérale, voir l’article : Quelle est la meilleure eau minérale pour la santé ? Quel est l'intérêt des minéraux des eaux ?



L’eau destinée à la consommation humaine ne doit pas être adoucie en dessous de 15°TH ?


Affirmations du technicien : FAUX


« Le décret 2001-­1220 du 20 décembre 2001 relatif à l’eau destinée à la consommation humaine, en conformité avec la Directive Européenne de 1998, ne présente aucune référence au TH, à la teneur en calcium ou en magnésium. Les sociétés distributrices d’eau mettent à la disposition des consommateurs des eaux de dureté très différente selon leur origine géographique et géologique. Certaines sont très douces, dans le Massif central ou en Bretagne en particulier ; d’autre sont très dures, dans le Nord ou dans les Alpes par exemple. Pour limiter les transferts métalliques en provenance des canalisations, la seule obligation est de veiller à ne pas délivrer une eau agressive ou corrosive. En fonction des économies ou du confort qu’il en attend, le consommateur est libre de traiter, à sa convenance, l’eau livrée par sa société distributrice. »


Réponse "Qualité de l’eau" : pas d’accord !


Il y a la réglementation – qui évite curieusement de parler des adoucisseurs – et puis il y a les recommandations et celles-ci demandent à ce que la dureté résiduelle en sortie d’un adoucisseur soit de 15°fH afin d’éviter justement une eau trop vide et donc acide et donc agressive pour la tuyauterie.


Les clients ont toutefois déboursé une fortune pour ne plus avoir de traces de calcaire chez eaux. Les installateurs poussent alors les adoucisseurs au maximum des limites des 200 mg/L de sodium, les réglant du coup souvent beaucoup trop bas. Ainsi, selon l'étude du laboratoire de Thurgovie, 90 % des adoucisseurs anti calcaire étaient mal réglés, avec une dureté résiduelle à moins de 15 °fH, la moitié étant même en dessous de 7 °fH. À ce niveau d’acidité, le risque de corrosion des canalisations et des appareils ménagers est réel et la solution anti calcaire complètement contre-productive… sauf si l’idée est de revoir rapidement le plombier !



L’eau adoucie est corrosive ?


Affirmations du technicien : FAUX