Y aura-t-il assez d’eau cet été ? La peur de la pénurie d’eau et comment économiser l'eau.
Dernière mise à jour : 17 mai
La crainte de la sécheresse et de la pénurie d’eau s’est invitée dans les médias, dans l’ombre des violents affrontements autour des méga-bassines… Sécuriser l’offre et l’approvisionnement en eau est devenu une affaire d’Etat. Mais sans réflexion sur la demande, le gaspillage et la qualité de l’eau, tout cela n’est-il pas voué à l’échec ? Un tel débat n’est-il pas en outre indécent alors que 30% de la population mondiale connaît des difficultés d’approvisionnement en eau ? Réflexions et solutions avec l’auteur du livre La qualité de l’eau.
Dans cet article :
La controverse des méga-bassines
Changer de paradigme avec la voie de l'eau !
Les pistes « techniques » côté offre…
L’eau mère : une ressource illimitée ?
La peur de la sécheresse…
Des communes privées d’eau qui se font livrer par camions… L’absence de pluie cet hiver… Plus des trois-quarts des nappes phréatiques sous la norme mensuelle… Quatre départements (Ain, Isère, Bouche-du-Rhône et Pyrénées-Orientales) déjà en alerte renforcée…
Et les prévisions pour la France ne sont pas réjouissantes (elles le sont rarement) : réchauffement climatique avec +5°C l’été d’ici la fin du siècle et un débit des fleuves en berne de -20 à -30% d’ici à 2050. Un degré de plus correspond à 7% d’eau en plus évaporés dans l’atmosphère… et comme la vapeur d’eau est le principal gaz à effet de serre (devant le CO2), le cercle est bien vicieux !
« L’été dernier, nous avons eu jusqu’à 700 communes qui ont été concernées par des problèmes d’eau potable. Si on ne prend pas de mesures en amont, on prend le risque d’avoir un chiffre encore plus élevé l’été prochain et sur des territoires plus vastes » a prévenu le ministre français de la Transition écologique en mars 2023. Les arrêtés devraient ainsi pleuvoir pour interdire l’arrosage de la pelouse, le nettoyage de la voiture ou le remplissage de la piscine…
« S’il ne pleut pas, on meurt » s’émeut un agriculteur dans le dossier Le vrai scandale de l’eau du magazine Le Point mais il est ici question de l’activité économique… ce qui est donc passablement indécent vis-à-vis de tous ceux qui, de part le monde, connaissent une pénurie d’eau. 1,2 millions de personnes meurent tous les ans à cause d’une eau souillée dont, tous les jours plus de 700 enfants âgés de moins de 5 ans !
Gardons donc raison car la France reste globalement favorisée : 30 à 40 milliards de mètres cubes d’eau douce sont prélevés chaque année dans les nappes phréatiques et les cours d’eau sur les 180 à 200 milliards qui transitent sur le pays soit environ 15% seulement. 3,5 milliards (11,6%) sont prélevés par les agriculteurs (11,6%), 6 milliards pour l’eau potable (20%) et 15 milliards pour refroidir les centrales électriques (50%). L’impact des agriculteurs doit donc être relativisé… même s’il s’agit comme nous allons le voir d’une minorité d’entre eux…
Que deviennent les 150 à 170 milliards de mètres cube restants ? Eh bien ils s’écoulent car la France retient globalement peu d’eau : 4,7% seulement du flux annuel est stocké contre presque 50% en Espagne, selon un rapport du Sénat de septembre 2022. L’indice d’exploitation de la ressource en eau – rapport entre l’eau captée et la totalité disponible – est ainsi de 6,14% seulement en France selon les données d’Eurostat contre 23,7% en Espagne. Mais les choses évoluent : 164 projets hydrauliques sont en cours dont 44 seront finalisés d’ici l’été pour 5 millions de mètres cubes supplémentaires…
La controverse des méga-bassines
Côté agriculture productiviste sous égide de la FNSEA, la solution réside en effet dans ces projets dont les très critiqués méga-bassines (8 ha de superficie en moyenne soit déjà une dizaine de terrains de football mais jusqu’à 18 ha de terres ainsi recouvertes d'une bâche plastique) ou « réserves de substitution » : on les remplit durant l’hiver via les nappes phréatiques – en espérant qu’il y ait suffisamment d’eau disponible et qu’elle ne s’évapore ensuite pas trop vite (les pertes liées à l’évaporation sont estimées entre 20% et 60% !) – et on puise dedans durant l’été en place des mêmes nappes phréatiques, permettant théoriquement de réduire les prélèvement...
« Grâce aux retenues, les prélèvements ont été réduits de moitié dans la nappe en été, et son niveau est aujourd’hui supérieur de un à deux mètres ! Cela s’est accompagné d’un vrai processus de gestion collective : les irrigants ont appris à se discipliner, les surfaces de maïs ont reculé de 13% et les assolements se diversifient. On voit plus de légumineuses, d’oléagineux… Il y a encore des progrès à faire, mais la mutation est engagée […] En Sud Vendée, la nappe va mieux. » se félicite Yves Le Quelle, représentant local de la Fédération Nature Environnement (FNE).
Mais est-ce vraiment une si bonne idée ? « C'est un contresens de créer des réservoirs d'eau en surface. [...] C'est de l'eau qui aurait dû se retrouver dans les sols ou dans les cours d'eau » déplore Christian Amblard, directeur de recherche honoraire au CNRS (Franceinfo, 25/9/21). Non seulement cette eau en moins affecte la biodiversité mais l'eau stagnante en surface, rendue plus alcaline, développe les micro-algues et les bactéries...
Ces ouvrages ne sont en outre destinés qu’à une très faible proportion d’agriculteurs, ceux qui ont fait le choix de la culture en irrigation – culture des céréales et notamment du maïs très gourmand en eau – soit 15% des exploitations agricoles pour 6,8% seulement de la Surface Agricole Utile (SAU). Une minorité s’accapare ainsi une ressource vitale susceptible de faire défaut ailleurs plus tard…
« Les mégabassines symbolisent ainsi l'aberration écologique d'un modèle agricole productiviste à outrance, qui privilégie les besoins insatiables de la (sur)production plutôt que l'adaptation aux ressources naturelle » résume un article du Canard enchaîné (Gare à la mégabassinistrose, Les dossiers du Canard, Avril 2023). Le tout évidemment financé à majorité d'argent public...
« Pour garder notre rang de premier producteur européen de maïs [on a les records que l’on peut], dont on exporte 38% de la production, on s’entête sur une culture inadaptée au changement climatique, alors que dans le même temps on importe 28% de nos légumes et 71% de nos fruits » dénonce un ingénieur agronome dans un article du Canard enchaîné (29 mars 2023). Résultat de ce non-sens anachronique et écologique, de cette privatisation de l'eau ? 8 000 opposants écologistes affrontaient les forces de l’ordre (déployées en nombre) le week-end du 25-26 mars dans les Deux-Sèvres…
Voir l'excellente émission Maman j'ai arrêté l'avion L'eau : la fuite en avant ?
Changer de paradigme avec la voie de l'eau !
« L’adaptation au manque d’eau est surtout faite en tentant d’augmenter l’offre, c’est-à-dire avec du stockage de surface, la réutilisation [des eaux usées] ou la dessalinisation [de l’eau de mer]. Cela permettrait de répondre à des besoins à court terme, mais, pour bien se préparer à ces sécheresses pluriannuelles, il ne faut pas mettre de côté le débat sur la demande » met en garde Gonéri Le Cozannet, coauteur du dernier rapport du Giec. (L'Express)
« Nous allons devoir changer notre culture de l’eau et apprendre à travailler les uns avec les autres car chaque secteur devra accepter de faire avec moins » renchérit l’hydrologue Eric Servat, directeur du Centre international Unesco sur l’eau de Montpellier.
Faire mieux avec moins. Vaste programme qui contraste avec nos habitudes d’enfants gâtés de l’abondance… Travailler avec les autres ne va pas non plus de soi face au développement des bulles égocentriques et du communautarisme, sans parler des antagonistes irréconciliables « pour ou contre » sur maintenant quasiment tous les sujets... qui du coup fâchent rapidement !
L’eau devrait toutefois faire exception car c'est ce qui nous ressemble et nous rassemble le plus. L’eau représente 65% du poids d’un corps humain. Sans eau, nous ne pesons pas grand-chose. Nos cellules sont constituées à plus de 99% de molécules d’eau. Sans eau, nous ne sommes pas grand-chose. L’eau est la mesure de toute chose, ce qui nous rapproche de toutes les espèces, nous relie et nous lie avec le monde.
Notre essence est eau et cette pensée devrait nous aider à rendre nos rapports un peu moins nauséabonds et visqueux, un peu plus limpides et transparents. Nous partageons l’essentiel et devrions donc réussir à nous retrouver sur l’eau…
Mais que conviendrait-il de faire pour limiter les besoins et les tensions de l’eau ?
Les pistes « techniques » côté offre…
Une première piste de bon sens est de réparer les fuites : 20% de l’eau est perdue à cause de la vétusté des tuyaux, changés en moyenne tous les 60 ans en France… Chez les particuliers aussi, les fuites sont régulières et il est bon de rappeler - avec les plombiers - qu'une fuite d'eau goutte à goutte représente un gaspillage de 35 m3 par an (35 000 litres!) et une fuite de WC 220 m3…
Une seconde de recycler notre eau (destinées ensuite à un usage non alimentaire) : 8,4 milliards de mètres cubes d’eau sont rejetés annuellement par les stations d’épuration en France mais seul 0,6% de ces eaux usées sont recyclées contre 8% en Italie, 14% en Espagne et 90% en Israël. Bref, de la marge, sachant que la technique requiert essentiellement des bassins et les UV du soleil ! Et une urgente en zone littorale où les « eaux grises » ne sont pas rejetées dans les rivières mais dans la mer, soit une perte conséquente en eau douce !
La désimperméabilisation des sols dans les villes afin que l’eau rejoigne plus facilement les nappes phréatiques est une troisième solution avancée et il serait en effet une bonne idée d'arrêter de bétonner. Mais même à la campagne, l’eau à du mal à pénétrer le sol… et a tendance à ruisseler tout en érodant le sol ! La cause à nouveau à l’agriculture productiviste et à ses intrants chimiques qui, en détruisant l’humus et la vie animale souterraine (précieux vers de terre !), asphyxie la terre et la rend imperméable !
la désalinisation de l’eau de mer ou le stockage hivernal (barrages, lacs de stockage, réservoirs ou donc méga-bassines) sont d’autres pistes officielles destinées à accroître l’offre afin de prolonger notre insouciance et nos mauvaises habitudes…
L’eau mère : une ressource illimitée ?
Parmi toutes ces approches quantitatives, il est tout de même curieux de ne jamais entendre parler de l’eau Mère. Un dossier de Marielsa Salsili dans le Magazine NEXUS de Sept-Oct 2002 nous la présente. L'eau mère (Primary Water en anglais) serait une réserve d'eau en provenance de la roche, stockée entre 410 et 660 km de profondeur et représentant un volume estimé entre 3 et 10 fois celui des océans voire du système hydrologique dans son ensemble.
Dans les années cinquante, en Californie, Stephan Riess (1898-1985), ancien ingénieur des mines, fait parler de lui en trouvant des sources dans des environnements réputés par les hydrologues à secs. On l'appelle alors le "magicien de l'eau". "Magique, non. Subversif, oui ! Car cette découverte n'arrange pas le conglomérat de l'eau, au sein duquel industriels, bureaucrates et politiciens ont déjà décidé de grand projets : barrages, détournements de rivières, canaux, conduites forcées, stockages massifs" explique l'auteur. Le business de l'eau voit forcément d'un très mauvais oeil une eau abondante et d'excellente qualité. En dépit de multiples attaques, Riess témoigne avoir foré 915 puits, notamment pour la ville d'Eilat en Israël...
Pourquoi n'avons-nous pas commencé à creuser ? Eh bien parce qu'il ne s'agit pas de creuser bêtement n'importe comment vers les profondeurs... d'autant que nous n'avons pas les technologies pour aller bien au-delà des océans, loin s'en faut ! L'eau-mère arrive en fait à nous via des failles souterraines et ce sont elles qu'il convient de localiser. "And usually springs are at the high point of the mountain range. Not in the canyons.” ("Généralement les sources se trouvent au sommet de la montagne et non dans les canyons") a déclaré Stephan Riess dans son unique interview juste avant sa mort. De fait, les oasis, geysers et autres sources au sommet des montagnes attestent bien une présence d'eau dans les profondeurs.
L'eau ne proviendrait donc pas des comètes mais de roches cristallines ? L'eau ne serait pas extraterrestre mais intraterrestre ? On comprend la perplexité de la science officielle, qui n'aime jamais trop perdre les illusions de son dogme... et les profits qui vont avec. "L'eau profonde est désormais trop divulguée pour être complètement niée. Reste à la dénigrer. Il est donc colporté qu'elle est trop ancienne pour être utilisable" explique l'auteur. Dans les faits et la plupart des cas, il s'agit pourtant d'une eau non polluée (l'absence de tritium est utilisée par le Primary Water Institut pour distinguer les eaux atmosphériques polluée par les essais nucléaires de l'eau-mère), faiblement minéralisée (moins de 100 ppm) et fraîche de surcroît. Mauvaise nouvelle pour les embouteilleurs...
Les réflexions côté demande…
Que l’eau soit ou non présente en quantité, le respect de la ressource passe naturellement par une compréhension de l’importance et de la qualité de l’eau. L’eau représente plus de 99% des cellules d’un corps humain… mais les médecins n’y sont pas formés ! On nous exhorte de consommer tous les jours 1,5L… mais notre organisme rejette instinctivement l’eau chlorée ! (70% des Français seraient ainsi en déshydratation chronique avec 2-3 verres par jour seulement). L’eau dynamisée permet une meilleure maturité des fruits et des légumes (sans parler de la production laitière) et une préservation des nutriments… mais l’énergie de l’eau demeure taboue et la Bioélectronique Vincent (BEV) considérée comme une "pseudo-science", notamment par ChatGPT !
L’eau cessera d’être gaspillée en Occident lorsque sa valeur sera correctement perçue et appréciée ! Il ne viendrait à l’idée de personne de gaspiller de l’eau en bouteille (pourtant également de piètre qualité puisque beaucoup trop chargée en minéraux inassimilables quand ce n'est pas en gaz CO2) alors pourquoi donc l’eau du robinet ? Est-elle gaspillée parce qu’elle est disponible partout et peu coûteuse ou bien parce qu’elle est chlorée et donc peu appréciée ?
Une eau encore moins appréciée dont on pourrait largement se passer : l’eau adoucie des catastrophiques adoucisseurs à sodium ! Non seulement on est ensuite obliger de s’offrir un osmoseur ou des bouteilles en plastique pour retrouver une qualité d’eau acceptable mais l’adoucisseur gaspille des quantités considérables d’eau. « La consommation d’une chasse d’eau dans un foyer de quatre personnes » selon une grosse marque, soit le premier (30%) ou second (20%) poste de l’eau selon les pays, entre 8 et 40 m3 par an selon l’efficience de l’appareil. Pire, l’adoucisseur relargue aussi 4 fois par mois, dans le cadre de sa régénération, de l’eau saumure c’est-à-dire chargée en sel. Et tout cela alors qu’il existe des dispositifs capables de gérer intelligemment le calcaire, sans gaspillage d'eau et sans électricité !
Réduire notre demande domestique ? Economiser l’eau fait partie des slogans quantitatifs officiels mais la consommation en France par jour et par personne s’établit (généralement hors adoucisseur) à 149 litres contre 252 en Suisse, 310 au Canada ou 590 aux Etats-Unis… S’il apparaît de bon sens de généraliser mousseurs de robinet (-30 à -50% d’eau), chasses d’eau économiques et autres pommeaux de douche géothermale, il est clair que le gros du travail doit être fait au niveau industriel et agricole.
Le passage de l’irrigation gravitaire (via les canaux d’irrigation) à une irrigation au goutte à goutte permettrait une réduction d’au moins 40% des prélèvements. L’usage d’une eau dynamisée n’est curieusement jamais discuté alors que la qualité énergétique de l’eau fait une grosse différence en terme de rendement à quantité d’eau équivalente, en témoigne par exemple la pousse de graines germées… A cet égard, le Biodynamizer et ses 21 principes de dynamisation en synergie est de loin le plus puissant.
Réduire notre empreinte eau
La plus grosse réflexion devrait toutefois concerner notre mode de vie, non seulement délétère mais très dispendieux en eau. Tout ce que nous consommons a consommé de l’eau, parfois même dans des régions où elle fait cruellement défaut.
Si nous ne pouvons pas faire grand-chose vis-à-vis des centrales électriques, nous pouvons envoyer des messages forts via notre pouvoir de choix. « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas » disait Coluche.
La santé est au cœur de tout projet d’écologie personnelle et cela tombe bien car les médicaments se retrouvent trop souvent au cœur de l’eau. 80 % des résidus de médicaments viennent des particuliers (via les toilettes), 20 % des hôpitaux. Or, pour la plupart des pathologies, des solutions naturelles (hygiène de vie, plantes, huiles essentielles,...) sont tout aussi efficaces… et nettement moins dangereuses. Selon le film La Soif du monde de Yann-Arthus Bertrand, 1 kg d’antibiotiques nécessite 1 million de litres d’eau ! Bref, se respecter et respecter l’eau participent de la même logique : préserver notre ressource et notre vitalité !
Limiter sa consommation permet naturellement de réduire son empreinte eau, en moyenne de 4 000 litres d’eau virtuelle par jour, rien que pour la consommation alimentaire ! Il faut de 15 à 20 000 litres d’eau pour produire 1 kg de boeuf, dix fois moins pour 1 kg de blé. Un litre de lait requiert 1 000 litres d’eau et un seul morceau de sucre blanc, 10 litres.
Réduire sa consommation de viande – en privilégiant la qualité – est le geste le plus fort… qui permet également de préserver sa santé ! Plus de 71% des terres agricoles de l’Union européenne servent à alimenter le bétail et l’on irrigue principalement pour produire des céréales (notamment du maïs) destinés essentiellement à l’alimentation des animaux d’élevage.